Brûlés à la javel, intoxiqués : les animaux domestiques victimes collatérales du Covid-19

Publié le Vendredi 03 Avril 2020
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Chiens et chats n'échappent pas aux dommages collatéraux du coronavirus.
Chiens et chats n'échappent pas aux dommages collatéraux du coronavirus.
Chiens passés à la javel, chats en comas ethyliques... Contre toute attente, les animaux sont les victimes collatérales du coronavirus. Sur fond de psychose généralisée, leurs corps et santé subissent les violences de leurs maîtres.
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"Les animaux ne propagent pas le COVID-19 !". Cette assertion est si essentielle aujourd'hui que la SPA (Société protectrice des animaux) en a carrément fait sa bio Twitter. Comme une piqûre de rappel, mais également une sonnette d'alarme. Car si les animaux sont les parfaits compagnons du confinement, apportant amour et attention tout en apaisant la santé mentale, ces guides poilus sont aussi les premières victimes d'une psychose généralisée.

Une crainte populaire qui se traduit par des actes violents, comme en atteste ce reportage de Franceinfo : ces derniers jours, des chats en plein coma éthylique ont été pris en charge par des vétérinaires. Ils avaient été lavés au gel hydroalcoolique. Mais ce n'est pas tout. Les soigneurs ont également dû traiter des chiens dont le corps était en partie brûlé... à la javel. Une inconscience pas simplement édifiante, mais dangereuse, qui incite les spécialistes et associations à sensibiliser l'opinion publique. Laissez vos animaux tranquilles, bon sang.

Entre violences et abandons

"Désinfecter les pattes de son animal au gel hydro-alcoolique, ou à l'eau de Javel ???? NON !", prévient en ce sens la Société Protectrice des Animaux. Selon l'association, nombreux sont les vétérinaires à être confrontés à de pareils cas de maltraitance. Les conséquences sont fâcheuses. Ces "traitements" brûlent les pattes, les muqueuses, le pelage et la peau de nos animaux, qui risquent de lécher et d'ingérer des produits tout à fait nocifs pour leur santé (tous ceux sur lesquels résident des logos "Corrosif", "Explosif", "Toxique", "Inflammable"). A ces attitudes extrêmes rétorquent les précieux conseils de l'association : si vous avez besoin de nettoyer par précaution votre animal, "l'eau et le savon sont largement suffisants, comme pour nos mains". Tout simplement.

Face aux quantités d'interrogations suscitées par le rapport entre animaux domestiques et coronavirus, la SPA a même mis en place une Foire aux questions spécialement dédiée. On peut y partager ses préoccupations. Afin de sensibiliser en douceur, un appel aux photos mignonnes (vous, votre animal) a même été lancé sur les réseaux sociaux. L'idée ? "Rappeler que les animaux ne sont en rien responsables de la propagation du virus". Une assertion confirmée par l'Organisation Mondiale de la Santé. Sur les ondes de France Bleu, la médecin vétérinaire Charlotte Piquet abonde : "Ne lavez pas vos animaux avec des produits corrosifs !".

Il n'empêche, appels à la raison et indications abondamment relayées ne permettent pas toujours une meilleure considération de nos amies les bêtes. La preuve ? Les abandons sont abondants depuis le début du confinement. C'est d'ailleurs ce que déplore Laëtitia Queherno, responsable d'un refuge de la Fondation assistance aux animaux : "Nous avons reçu énormément d'appels pour des abandons. Il y a ceux qui pensent que leurs animaux peuvent transmettre le coronavirus à l'homme, et ceux qui partent en province, comme pour les départs en vacances. Si le confinement est maintenu, il faudra s'attendre à beaucoup plus d'abandons", explique-t-elle à 20 Minutes.

Ces abandons sont "une bombe à retardement", achève avec gravité Laëtitia Queherno. Un fléau qui démontre que les animaux n'échappent jamais à l'inconscience des hommes.