Charte anti-jouets sexistes : qu'est-ce que c'est ?

Publié le Mercredi 25 Septembre 2019
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Et si on éjectait le sexisme des jouets de nos enfants ?
Et si on éjectait le sexisme des jouets de nos enfants ?
Et si on virait le sexisme ordinaire des jouets - encore trop genrés - de nos enfants ? C'est là le principe d'une nouvelle charte. Exemplaire.
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Le rose pour les filles, le bleu pour les garçons, les dînettes, poupées et appareils ménagers factices pour les unes, les petites voitures et costumes de pirates pour les autres... L'air de rien, les rayons jouets de nos magasins débordent de sexisme ordinaire. Dès leur plus jeune âge, nos kids sont intégrés à des cases, bien malgré eux. Étiquetés. Soumis aux clichés et préjugés les plus tenaces, de par les objets et panoplies que l'on assigne aux deux sexes. Parfum vanille pour les princesses, et chocolat pour les cow-boys. Heureusement, le vieux monde se meurt. Et le caractère désuet de ces catégories est aujourd'hui mis à mal par une toute nouvelle Charte.

Ce texte s'intitule à juste titre "Charte d'engagements volontaires pour une représentation mixte des jouets" et vise à concilier industriels, distributeurs de jouets et associations, tous concertés dans un même but : proposer des images non-genrées de ce que l'on dépose chaque année au pied du sapin. Une initiative que l'on peut qu'applaudir, à trois mois des fêtes de Noël.

Contre les "pépites sexistes"

Comme l'indique encore la Fédération française des industries jouet/puériculture (FJP) du côté de L'Express, il s'agit de fournir "des efforts mesurables" pour garantir cette mixité. Cela passe autant par la façon de présenter les jouets ou de les concevoir (les fabricants seront sensibilisés en ce sens) que par la formation des vendeurs, elle aussi comprise dans la charte. Ces derniers, au lieu de demander le genre de l'enfant, devront désormais dire : "Qu'est ce qu'aime l'enfant ?". Les goûts personnels avant les clichés, difficile de ne pas liker ! Chaque acteur de la "chaîne des jouets" contribuera ainsi, à travers une entente mutuelle, à rendre ces joujous moins excluants. Arrêter de séparer le rayon "filles" du rayon "garçons" au sein des grands magasins - photos et couleurs stéréotypées à l'appui - et de les appeler "princesses" et "héros" serait déjà un premier projet salutaire.

"Pour les jeux scientifiques, les fabricants envisagent la mise en place d'un "label pour tous" qui serait "incluant", précise à ce titre Michel Moggio, le président de la FPJ. Une belle idée s'il en est à l'heure où "sciences" et "filles" apparaissent pour beaucoup comme des antonymes (oui oui, même en 2019). De quoi tuer l'effet Matilda à la racine.

Sur Twitter, la Secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances Agnès Pannier-Runacher salue les signataires de cette Charte. "On cherche à travailler sur la création de nouveaux jouets, la façon dont on en parle dans les annonces et la façon dont on les vend", a-t-elle d'ailleurs précisé lors d'une conférence de presse. A la lire, c'est une petite victoire "pour ceux qui ont envie d'avancer". En attendant que cette représentation mixte s'introduise dans les plutôt vieillots catalogues de jouets qui envahissent déjà nos boîtes aux lettres ?

Cela n'a l'air de rien dit comme ça, et pourtant, les stéréotypes de genre sont aussi omniprésents dans nos supermarchés que les boîtes de chocolats. Il suffit pour s'en convaincre de jeter un oeil aux nombreux coups de gueule du compte Pépite Sexiste. Ici, quelques présentoirs marketing proposant aux filles un fer à repasser et aux garçons un barbecue. Là, des bavoirs "Belle comme maman" (en rose bonbon, cela va de soi) et "Fort comme papa" (en bleu, évidemment !). Sans oublier le kit de produits cosmétiques et ménagers "Une histoire de filles". Et si on en finissait une bonne fois pour toutes avec ces satanés jouets genrés ? Comme nous le disait Isabelle Collet, chercheuse associée à l'Institut des Etudes genre de l'université de Genève, "classer les jouets par univers et non par sexe représenterait déjà un progrès".