Les tips pro/perso de Sandrine Lecointe, fondatrice de Madagas'Care Cosmétiques

Publié le Mardi 09 Avril 2019
Catherine Rochon
Par Catherine Rochon Rédactrice en chef
Rédactrice en chef de Terrafemina depuis fin 2014, Catherine Rochon scrute constructions et déconstructions d’un monde post-#MeToo et tend son dictaphone aux voix inspirantes d’une époque mouvante.
Sandrine Lecointe, fondatrice de Madagas'Care Cosmétiques
Sandrine Lecointe, fondatrice de Madagas'Care Cosmétiques
Elle a osé, elle s'est lancée : en 2017, Sandrine Lecointe a créé sa marque de cosmétiques naturels, issus de la biodiversité végétale de Madagascar. Quel a été le déclic ? Comment arrive-t-elle à concilier ses mille et une vies ? La fondatrice de Madagas'Care nous livre ses conseils et ses inspirations.
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Elle avait des envies et des idées plein la tête. Et c'est sa grossesse qui a créé le déclic. Ses convictions écolo chevillées au corps, Sandrine Lecointe a créé Madagas'Care. Avec cette marque de cosmétiques naturels à base de plantes endémiques de Madagascar, l'entrepreneuse française d'origine malgache souhaite mettre en avant son île de coeur et ses "trésors verts", comme elle les appelle joliment. Mais aussi contribuer à son échelle à son développement.

Ainsi, tout au long du processus de fabrication des produits (conçus, formulés et packagés en France), l'entrepreneuse a mis en place une démarche eco-responsable, notamment au travers d'un partenariat pour la reforestation de l'île avec cette promesse : 1 produit acheté = 1 arbre planté. Au coeur de sa démarche, une approche plus transparente, plus équitable, plus respectueuse.

Sandrine Lecointe nous livre les clés de sa reconversion, ses conseils pour créer son entreprise et ses astuces pour concilier vie pro-vie perso.

Terrafemina : Présentez-nous votre parcours en quelques mots

Sandrine Lecointe : Je suis née au Gabon d'un père français et d'une maman métisse sino-malgache. J'ai grandi en Afrique Noire et je suis rentrée en France à partir du lycée pour faire mes études dans une branche artistique.

Puis j'ai décidé de retourner en Afrique car le continent me manquait et j'ai créé ma première société, au Congo. C'étaient des ateliers d'éveil artistique pour les enfants de deux ans et demi jusqu'à six ans. Là-bas, il n'y avait pas de structures pour les enfants avant le CP, alors j'ai créé ces ateliers qui me permettaient aussi de me faire plaisir en entretenant ma passion pour le dessin, la peinture, la création artistique.

Je suis revenue à Paris en 2006, un peu malgré moi et j'ai trouvé du travail dans une start-up dans le secteur des énergies. La société toute neuve et en pleine croissance m'a offert un poste ultra-polyvalent. J'y ai appris énormément de choses sur la gestion d'une entreprise en touchant à tout pendant 7 ans, et aujourd'hui tout cela me sert encore beaucoup.

Je viens d'une famille d'entrepreneurs sur plusieurs générations, qui aime faire bouger les choses et surtout voyager. C'est ce virus que mes parents m'ont transmis.

Aujourd'hui, je suis donc à la tête de mon entreprise et je suis passionnée par ce que je fais : développer des produits cosmétiques sains pour l'homme et sains pour l'environnement – ne plus utiliser des ingrédients issus de la pétrochimie, toxiques pour nous et notre planète.

Quel a été le déclic pour créer votre marque ?

S.L. : Ma prise de conscience sur l'importance de nos choix dans les produits cosmétiques a eu lieu lorsque je suis tombée enceinte. J'ai commencé à me questionner sur ce que je mettais sur ma peau et sur les dangers que certains ingrédients pouvaient avoir pour mon enfant et moi. Passer au statut de maman m'a aussi fait réfléchir au monde dans lequel je voulais que mon enfant grandisse.

Et puis il y a eu un déclic. Lors d'un séjour dans ma famille à Madagascar, j'avais gardé des séquelles de ma grossesse difficile et j'ai découvert grâce aux femmes malgaches des plantes, des huiles et leur utilisation traditionnelle, simple et saine. En quelques semaines, mes douleurs ont quasi disparu, ce que n'avait pas réussi à faire mon précédent traitement en presqu'un an !

Époustouflée par la puissance des plantes, la biodiversité de l'île, et le savoir-faire traditionnel, je me suis dit qu'il fallait faire davantage pour les faire connaître, reconnaître et les protéger. Alors je me suis lancée : j'ai quitté mon emploi de salariée, enchaîné les formations en cosmétique notamment, et en deux ans, Madagas'Care était né.

Madagas'Care Cosmétiques
Madagas'Care Cosmétiques

Quel·les ont été vos allié·e·s dans votre parcours pro ?

S.L. : J'ai énormément compté sur mon réseau famille et amis dans un premier temps. Ensuite, le réseau a dû s'élargir et j'ai dû me rapprocher de fondateurs de marques dans le même secteur que moi. Avoir des retours d'expériences était plus que nécessaire.


Selon vous, quelles sont les qualités essentielles pour réussir à aller au bout de ses projets ?

S.L. : A mon sens, il faut de la persévérance et de l'endurance. Ne jamais lâcher son projet et son objectif contre vents, tempêtes et marées ! En tant qu'entrepreneuse, j'ai dû faire face comme beaucoup d'entre nous, à vivre des montagnes russes émotionnelles, dépasser ses limites, affronter nos peurs, etc. Et cela nous force à ne jamais baisser la garde... mais toujours garder foi en son projet !

Quelle faiblesse avez-vous su transformer en force (et comment) ?

S.L. : Ma grossesse difficile a été un mal pour un bien, je pense... J'ai encore aujourd'hui des séquelles qui sont plus ou moins douloureuses, mais cela m'a permis de prendre conscience que lorsqu'on perd ses repères, un déséquilibre se crée et nous avons besoin de réajuster. La vie de salariée dans un secteur qui ne me correspondait pas ne me convenait plus. J'avais besoin de retourner à ma vraie nature...

Vos indispensables pour concilier vie pro et vie perso ?

S.L. : Je suis plutôt de l'ancienne école : un stylo et un agenda papier pour tout noter ! Je n'ai pas d'appli pour m'organiser. Mais ce qu'il y a de bien lorsqu'on crée son entreprise, c'est de pouvoir organiser son temps comme on le souhaite. C'est un vrai luxe, vous ne trouvez pas ?

Vos réflexes pour vous ressourcer et recharger vos batteries ?

S.L. : Un bon bain chaud avec des huiles essentielles, un bon livre, de la musique... Mais le summum : voyager !

Votre astuce pour ne pas craquer sous la pression ?

S.L. : Voir les copains et copines entrepreneurs – ceux et celles qui comprennent ce qu'on vit !

Les trois femmes qui vous ont le plus inspirée dans votre vie ?

S.L. : Ma grand-mère maternelle et mes cousines à Madagascar (cela fait déjà plus que 3 !). Je pense aussi à l'artiste Frida Kahlo, une icône féministe et anticonformiste que j'admire beaucoup aussi pour son formidable appétit de vivre.

La femme qui vous a le plus impressionnée / inspirée depuis le début de l'année ?

S.L. : Alors sans aucun doute : Greta Thunberg, Suédoise de 16 ans, l'activiste écolo qui inspire la jeunesse du monde entier !

Votre citation inspirante pour vous booster ?

La très connue citation de Oscar Wilde : "Il faut toujours viser la lune, car même en cas d'échec, on atterrit dans les étoiles".

Votre dernier moment d'audace ?

S.L. : Passer à la télévision malgache sans parler un mot de malgache ! J'aurais moins de stress sur une chaîne française du coup.

Votre projet le plus fou ?


S.L. : Avoir créé Madagas'Care alors que mon fils n'avait même pas un an. Pas évident pour le voir grandir et être présente pour lui...

Quel serait votre conseil pour inspirer toute une nouvelle génération de femmes ?


S.L. : Oser ! Croire en soi et en ses rêves. Mais aussi prendre soin de soi, en se responsabilisant sur nos habitudes pour sauvegarder la planète, l'environnement. Etre responsable de notre consommation avec des produits de beauté efficace, sain et "safe". La Nature mérite aussi qu'on prenne soin d'elle, vous ne trouvez pas ?

Quels sont vos prochains projets ?

S.L. : Lever des fonds pour développer Madagas'Care. J'ambitionne une belle croissance (d'arbres) ! Faire grandir cette forêt pour qu'un jour nous puissions y sourcer nos propres ingrédients.