Selena Gomez est critiquée pour ses poils. Oui oui. "Rase-toi la moustache !", lui assènent ses haters sur la toile. Ils n'ont jamais vu le corps d'une femme dans la vraie vie. Et ignorent que ces dames ont de la pilosité, quand on les forcent pas à s'épiler.
Dans une vidéo postée sur sa story Instagram et abondamment commentée par Entertainement Tonight, Selena Gomez a répondu du tac au tac et avec un grand rire d'une question indiscrète d'un internaute lui demandant "comment elle fait pour se raser la moustache". Amusée, Selena Gomez a rétorqué : "Je comprends tout à fait ! J'ai du mélasma et un bouton. C'est à cause du soleil, donc il faut mettre de la crème solaire et faire attention. Mais ce n'est pas une moustache."
Rire et inviter les femmes à normaliser le poil au féminin, merci pour tout ça Selena.
Car c'est un vrai enjeu féministe qui s'énonce ici.
Selena Gomez met là en lumière le grand non-dit du poil des femmes. Elle le fait bien.
Avec discrétion, elle invite à décomplexer. C'est nécessaire de s'exprimer de cette façon à l'adresse d'une jeune audience. Public de jeunes femmes qui est accompagné dans une sorte d'insouciance face à la pilosité. Qui subit jugements, commentaires sexistes, préjugés genre "ah, c'est trop dégueu", diktats.
Ne plus “se faire du mal pour se faire du bien”, semble être le mot d'ordre dans ce discours. Surtout quand ça sert les trucs les moins naturels ever : comme l’épilation. La dessinatrice féministe Vicdoux, dans le docu Libres et à poils !, dit les termes : “m’épiler, cela me coûte de l’argent, du temps, de la dépense, et de la souffrance”.
Concernant ce grand enjeu du poil au féminin et de la censure qu'il subit, citons l'experte Jade Debeugny, autrice du livre Le poil féminin à l'écran, qui le dit à Terrafemina : "il faut secouer les choses pour espérer les voir évoluer, c'est parfois nécessaire, quitte à déranger et à choquer autour de soi".
"On sent dans certains films une volonté de normaliser ce qui d'ordinaire est considéré comme hors-normes. Cela permet de s'interroger : est-ce quelque chose de catégorisé comme transgressif, le poil, peut un jour retomber dans la norme ? Et est-ce que la revendication militante du poil accélère ou ralentit ce processus ? Comment permettre cette banalisation ? Personnellement, je pense que toutes les démarches sont bonnes à prendre, de la mise en avant féministe du poil à sa normalisation, sans discours dédié."