Et si ce portrait de femmes primé à Cannes était le nouveau chef d'oeuvre contestataire du cinéma iranien ?

Le cinéma iranien est l'un des plus passionnants qui soit. 

Par-delà le courage intime et politique de celles et ceux qui l'incarnent, prenant volontiers des risques pour faire éclore leurs oeuvres, on observe souvent dans ces expressions artistiques une grande tension qui va de paire avec un regard attentif et précis de cinéaste. Et bien souvent, il faut le dire, de grands personnages féminins, paradoxalement saisis dans une société violemment patriarcale. 

Ce sont justement ces arguments-là que l'on retrouve à travers l'accueil critique très positif des Graines du figuier sauvage, ressorti du dernier Festival de Cannes avec un Prix Spécial. Quelques mois après l'enthousiasme unanime de la scène cannoise, le nouveau film de Mohammad Rasoulof vient de dévoiler ses premières images avec une bande annonce très intrigante...

Avec Les graines du figuier sauvage, Mohammad Rasoulof relate l'histoire -inspirée d'une réalité politique bien palpable - de soeurs étudiantes soutenant envers et contre tous les révolutions citoyennes qui bousculent l'Iran - et notamment le mouvement féministe Femme, Vie, Liberté. Elles vont entrer en conflit avec le pater familias, juge d'instruction, lorsque celui-ci va perdre la trace de son arme de service...

C'est un projet primordial pour le cinéaste acclamé en mai dernier. 

Car entouré de ses jeunes comédiennes Soheila Golestan et Missagh Zareh, il réalise ici son premier film depuis son arrestation à l’été 2022, et donc, son expérience de la prison. "Lorsque Mohammad Rasoulof a été libéré de prison, il s'est donc posé la question suivante : sur quoi doit-il désormais faire un film ?", rapportent nos confrères d'Allociné. 

Le réalisateur décide alors de puiser dans les images "des protestations et du courage des femmes", défilant dans la rue pour défendre leurs droits... Ainsi avec cette œuvre, Rasoulof se réfère notamment au sort tragique de Mahsa Amini, femme dont la mort suspecte à 22 ans, suite à son arrestation par la police des moeurs iranienne pour non-respect du port obligatoire du voile, avait suscité la mobilisation du peuple.

Les graines du figuier sauvage ne s'est pas fait sans mal : équipe technique très restreinte, difficultés éprouvées des mois durant à constituer un casting et notamment à trouver des comédiens principaux, initiatives exigeant par ailleurs d'exprimer une confiance totale entre soi et celles et ceux qui vous accompagnent sur le plateau, crainte permanente d'une interruption de ce tournage par les autorités...

Et le réalisateur de déclarer en guise de note d'intention : "Je pense que le mouvement des femmes en Iran finira par s’imposer et atteindre ses objectifs. Concernant ce film, je ne peux pas expliquer comment, mais nous avons réussi à contourner le système de censure. Le courage de mon équipe a été la force motrice qui nous a permis de terminer ce film"

Pour découvrir celui-ci, rendez-vous en salles le 18 septembre.