Le malaise des "gender reveal parties", ces fêtes pour dévoiler le sexe du futur bébé

Publié le Mercredi 12 Décembre 2018
Léa Drouelle
Par Léa Drouelle Journaliste
Que cache lephénomène des "gender reveal parties", ces fêtes pour dévoiler le sexe du futur bébé ?
Que cache lephénomène des "gender reveal parties", ces fêtes pour dévoiler le sexe du futur bébé ?
Aux États-Unis, on fait des fêtes avant et après l'arrivée d'un heureux événement. Non, on ne parle pas des fameuses "babies showers" mais des "gender reveal parties", des fêtes spécialement organisées pour dévoiler le sexe du bébé.
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Chez nous, on apprend le sexe du bébé lors d'une visite gynécologique autour de la 22e semaine. Une échographie et on demande aux parents s'ils souhaitent connaître le sexe du bébé. Fin de l'histoire. Aux États-Unis en revanche, on célèbre cet événement en grande pompe.

Le phénomène des "Baby Gender Reveal" semble avoir explosé aux alentours de 2012. La toile regorge de vidéos de ces cérémonies étranges au cours desquelles les parents découvrent, dans une ambiance festive et entourés de tous leurs proches, s'ils attendent une fille ou un garçon.

Comme on le voit dans cette vidéo "Best of 2017 Baby Gender Reveal" (voir ci-dessous) dénichée sur Youtube, les invités redoublent d'imagination pour annoncer "la grande nouvelle" dans les règles de l'art.

Ballons roses, poudre bleue, tour de magie...

Dans une séquence, les parents ouvrent en même temps deux cartons estampillés de rose et de bleu. À l'intérieur, des ballons. Rose si c'est une fille, bleu si c'est un garçon. Une salve de ballons roses s'échappent des cartons : c'est donc une fille. Moment de bonheur absolu : le couple saute de joie et se serre dans les bras.

D'autres parents ont carrément fait appel à un magicien : le futur papa et la future maman mettent tour à tour un ruban rose et un ruban bleu dans un chapeau. Un petit tour de passe-passe et quelques secondes plus tard, le prestidigitateur lève le mystère : c'est un ruban rose !

Mention spéciale pour la fête organisée sur un terrain de basket où le papa court pour mettre un panier, d'où s'échappe une traînée de poudre bleue (cette fois, c'est un garçon). Il fallait y penser.

Une fête qui renforce les stéréotypes de genre

Bien que les Américain·es soient réputé·es pour leur sens de l'exubérance et leur goût pour les fêtes commerciales, les "Baby Gender Parties" ont de quoi mettre mal à l'aise. "Ces événements en disent beaucoup plus sur notre culture que sur le sexe de nos futurs enfants", souligne Jennifer Finney Boyla, chroniqueuse pour le New York Times.

À commencer par l'utilisation de codes-couleurs (rose et bleu) pour définir une appartenance selon son sexe. Or, c'est précisément avec ce type de stéréotypes de genre que commence l'inégalité entre les hommes et les femmes. Donc, dans ce cas précis, avant même la naissance.

Comme le souligne très justement Kate Streit, autrice d'un article sur le site Simple Most : "Ces fêtes mettent beaucoup trop l'accent sur l'idée de genre, alors qu'en fait, on célèbre le sexe du bébé. N'oubliez pas que le sexe est le terme biologique pour dire si quelqu'un a des organes génitaux masculins ou féminins. Le genre, par contre, est une identité sociale qui n'est pas nécessairement définie par des caractéristiques physiques."

Extrait de la série Friends
Extrait de la série Friends

Ces dernières années, une tendance qui va à l'encontre des "Gender Reveal Party" (bien que moins répandue) s'est développée aux États-Unis. Connue sous le nom d' "éducation theybies", cette philosophie fait référence aux parents qui ont décidé de s'affranchir du genre et de ne pas dévoiler le sexe de leur bébé avant ET après la naissance, afin de leur éviter de grandir dans un monde marqué par les stéréotypes de genre.