Du maquillage à risque pour les femmes enceintes : une association alerte

Publié le Jeudi 30 Septembre 2021
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Du maquillage dangereux pour les femmes enceintes
Du maquillage dangereux pour les femmes enceintes
L'association écoféministe Wecf France sonne l'alarme et appelle le gouvernement à agir promptement. Dans une cinquantaine de produits de maquillage, une quarantaine de substances préoccupantes ont été identifiées. Des composants peu recommandés pendant la grossesse.
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Le rapport de l'enquête menée par Wecf France est accablant. Après une inspection rigoureuse des composants d'une cinquantaine de produits cosmétiques utilisés fréquemment par les femmes (17 BB crèmes, 15 mascaras et 15 anticernes), qu'elle s'est procurée en parfumerie, magasin bio, grande surface et parapharmacie ou pharmacie, l'association écoféministe révèle y avoir décelé pas moins de 37 substances problématiques bien que pas interdites sur le territoire français.

Elles ont été classées en 3 catégories : très préoccupante, préoccupante, assez préoccupante. On trouve ainsi des perturbateurs endocriniens, peu recommandés pour les femmes enceintes, dont 7 figurent dans les 13 substances "très préoccupantes", "souvent présents en mélange". Mais aussi une cinquantaine d'ingrédients plastiques dans un nombre important des produits observés, des nanoparticules et des allergènes.

Problématique pour la santé des femmes enceintes

"Les produits de maquillage sont utilisés au quotidien par de nombreuses femmes, y compris enceintes, ou ayant des projets de grossesse", rappelle Wecf dans son rapport. "Ils font partie des produits de consommation courante qui contribuent à l'exposition de la future maman et de l'enfant à naître à des substances pouvant parfois être problématiques pour la santé, tels que de potentiels perturbateurs endocriniens."

Interviewée par La Maison des Maternelles, la Dre Véronique Bied Damon, gynécologue spécialisée dans les techniques d'assistance médicale à la procréation, leur action et effets : "Pendant la grossesse les perturbateurs endocriniens vont agir sur la modulation de l'expression des gènes de l'embryon : certains gènes seront plus ou moins actifs selon l'exposition à certains perturbateurs endocriniens. La conséquence est notamment la survenue de pathologies à l'âge adulte (cancer, infertilité...)."

La catégorie la plus critique : les BB crèmes, ces crèmes hydratantes teintées que l'on s'applique en base sur la peau. "Sur les 17 examinées, 6 contiennent au moins 10 substances problématiques", note l'association. "10 BB crèmes contiennent au moins 5 substances très préoccupantes ou préoccupantes." Parmi les mascaras étudiés en revanche, "aucun des 15 mascaras de notre enquête ne contient plus de 4 substances problématiques. 3 références ne contiennent aucune substance problématique."

Sans surprise, ce sont les produits bio qui passent l'examen sans trop d'encombres, "étant principalement concernés par la problématique du dioxyde de titane (préoccupant) et des allergènes de parfums assez préoccupants."

Des ingrédients suspects qui restent autorisés

Pour l'association Wecf France, l'urgence est à encadrer plus strictement la vente et l'utilisation de nombreux composants de cosmétiques, ainsi qu'une meilleure identification des plus préoccupants sur le packaging (à l'aide de logo par exemple). L'organisation épingle notamment la lenteur des décisions gouvernementales et, à l'instar des travaux des agences sanitaires françaises ou de l'Agence européenne des substances chimiques que l'étude a pris en compte, arrive au constat que des ingrédients suspects restent autorisés.

Il faut "que soit accélérée la réglementation par l'Union européenne des 28 perturbateurs endocriniens avérés ou suspectés utilisés en cosmétique et identifiés par elle comme prioritaires", martèle Wecf. "Depuis un an, les progrès n'ont pas été suffisants." La question demeure : à quand davantage de contrôle et de considération des dangers de ces formules, à majorité utilisées par les femmes ?