Jeanne Balibar lumineuse dans ce beau portrait de femme à découvrir en salles
Paré de son titre qui résonne à la fois comme une invitation et un ordre, Laissez-moi est un portrait de femme audacieux, actuellement au cinéma. La femme en question, c'est Claudine, modeste couturière qui redécouvre la liberté lors de séjours éphémères dans un hôtel de montagne. Là-bas, cette mère de famille ordinaire se remet à fréquenter des hommes...
Entre sexe et affects, expérience toujours très solitaire de la maternité et indépendance sentimentale (et sensuelle) qui vient bousculer la routine, que signifient au juste pour elle ces parenthèses enchantées en compagnie d'inconnus ? Saisir le désir des femmes de cinquante ans et plus, semble être le motif de bien des cinéastes aujourd'hui : on pense notamment à la réjouissante comédie Iris et les hommes, et sa Laure Calamy devenue addict aux applis de dating et autres "coups d'un soir".
Avec beaucoup plus d'intériorité, Laissez-moi explore cet enjeu résolument féministe en scrutant Jeanne Balibar, actrice lumineuse à la filmographie impressionnante. En résulte un beau premier film sur la confusion des sentiments et l'éclosion d'une idylle amoureuse au sein de l'immensité.
Une oeuvre anti-âgiste où Jeanne Balibar éblouit
Dès son synopsis, Laissez-moi s'envisage volontiers comme un film anti-âgiste. L'âgisme, c'est le fait d'invisibiliser les individus, et plus encore les femmes, une fois dépassé le virage de la quarantaine (oui, très tôt). Exclusion, discriminations, stigmatisation... Le fait de mettre à l'honneur une actrice comme Jeanne Balibar, et à travers elle, le regard féminin d'une quinquagénaire soucieuse d'un désir dont elle est maîtresse, apparaît d'emblée comme un geste militant pour le cinéaste Maxime Rappaz.
Au coeur des montagnes suisses, c'est d'ailleurs l'actrice elle-même qui apparaît comme un panorama à contempler, complexe et mouvant. Car la comédienne, extraterrestre du cinéma français, est bien connue pour la multiplicité des émotions qu'elle propose, d'un simple regard parfois : mélancolie, onirisme, ironie, romantisme... Capable de distiller un savant mystère qui ne dit jamais vraiment son nom. Aussi immense que la nature qui l'environne dans ce film ? En tout cas, tout aussi romanesque !
Un voyage en hauteurs à entreprendre d'ors et déjà au cinéma.
Laissez-moi. Un film de Maxime Rappaz. 92 min. Avec : Jeanne Balibar, Thomas Sarbacher, Pierre-Antoine Dubey et Véronique Mermoud. Actuellement au cinéma.
