On vous croit, c'est le titre de notre claque du mois à ne surtout pas louper au cinéma.
Une mère confronte son mari, accusé de violences incestueuses, face à une juge. Ambiance de thriller, voire de film d'horreur, huis clos total (une seule pièce), sentiment d'urgence, performances de comédiens intenses. Un choc d'une heure vingt à peine.
Le synopsis est simple comme tout.
Une maman donc va se battre pour que la garde de ses enfants ne soit pas confiée à son ex époux, qu'elle accuse d'inceste. On va donc entendre la version du père, de la mère, de leurs avocats respectifs, du juge des familles.
Et au bout de ce qui s'apparente à un film de procès post-Anatomie d'une chute (autre histoire de couple et Palme d'or bien méritée) ou à un thriller judiciaire, rythmée par un tempo digne de Jusqu'à la garde, ou de A plein temps (deux thrillers sociaux de grande envergure), se devinent des réponses. Ou pas.
Ce qui importe en fait beaucoup dans cette oeuvre, premier film spectaculaire de maîtrise, c'est de conférer de l'ampleur à des voix trop silenciées ou minimisées dans notre société post-#MeToo. Victimes de violences, d'inceste, de conflits au sein du couple, d'inégalités.
Confrontées à une justice qui, si elle prend en compte leurs paroles, met un temps absurde à la respecter. On est très vite saisi par ce que propose le film, dont la mise en son est anxiogène (des effets audio lancinants qui agressent physiquement), et violenté par lui. Cette gêne, ce malaise, est nécessaire. On vous raconte pourquoi.
On vous croit met en lumière une immense actrice, dont le visage sidéré va nous hanter longtemps, celui de Myriem Akheyddiou. Une comédienne qui tient en grande partie ce drame entre quatre murs sur ces épaules. Elle se trouve au cœur de ce récit dont les qualités formelles participent à nous chambouler. Pour une raison limpide.
Le concept est le suivant : nous faire vivre l'angoisse total et quasi indéfinissable de cette femme qui veut par tous les moyens sauver sa progéniture.
Entre plans-séquence insistant sur son visage tordu de douleur, bande originale alimentant ce sentiment de peur, montage découpant cette émotion distillée, et cadres enfermant ses protagonistes comme dans une cage, la séance que On vous croit fait vivre à ses spectateurs est intense et éprouvante. Tant mieux.
La presse est dithyrambique : "Tourné en treize jours, minimaliste et pourtant gigantesque dans son impact, dense, intense" (Bande à part), "Le film, d’une rigueur implacable et incontestable, refuse la psychologie expansive comme le pathos démonstratif." (Dernières Nouvelles d'Alsace), "Un huis clos judiciaire captivant grâce à son intensité et sa capacité à ne se concentrer que sur l’essentiel." (A voir A lire.com), "Sélectionné partout depuis des mois, ce film où l’esprit documentaire est boosté à la pure mise en scène est le phénomène de l’automne." (Cinema Teaser)
On ne saurait mieux dire.
C'est une claque et un premier film très abouti, qui donne de la voix à celles et ceux qui n'en ont pas, ou à l'inverse s'épuisent à la faire entendre. Plus qu'une fiction, un geste intime et politique. Qui va vous boxer certes, vous renverser et ne jamais vous épargner en terme de tension et de charivaris émotionnels, mais aussi vous bouleverser, vous toucher en plein coeur.
Création qui donne le la à la parole en un vaste duel rhétorique, mais dont les scènes les plus marquantes, quelque part, sont ces silences où se devinent les plus amples blessures.
Une séance comme on en voit peu finalement.