Hillary Clinton : 6 critiques sexistes auxquelles elle devra faire face

Publié le Lundi 13 Avril 2015
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
C'est désormais officiel : Hillary Clinton est candidate à l'investiture démocrate pour les futures élections présidentielles. À 67 ans, elle pourrait bien être la première femme à faire son entrée à la Maison-Blanche dans un autre rôle que celui de First Lady. À une condition : qu'elle parvienne à convaincre les Américains, mais surtout à éviter les obstacles qui se dresseront sur son chemin. Trop âgée, trop ambitieuse, pas assez branchée... Tour d'horizon des remarques (sexistes) qui seront sans doute faites à Hillary Clinton lors de sa campagne.
À lire aussi

C'est la candidature que toute l'Amérique attendait : celle d'Hillary Clinton à l'investiture démocrate en vue des élections présidentielles de 2016. Sans clameur ni meeting grandiloquent, c'est par un simple e-mail envoyé dimanche 12 avril par son équipe de campagne que l'ancienne Secrétaire d'État de Barack Obama a annoncé qu'elle se lançait dans la course à la présidentielle.


"C'est officiel : Hillary est candidate à la présidentielle", a ainsi envoyé le président de sa campagne John Podesta à l'ensemble de ses donateurs, avant qu'un premier clip de campagne intitulé "Getting Started" ("Démarrage") ne soit dévoilé sur Internet.

"Les Américains se sont battus pour sortir d'une période économique difficile. Mais ceux qui sont au sommet continuent à bénéficier d'avantages. Les Américains ont besoin d'une championne, et je veux être cette championne", explique face caméra Hillary Clinton.
Et il se pourrait bien qu'elle y parvienne. Récemment élue personnalité la plus admirée des Américains, Hillary Clinton suscite autant la ferveur des démocrates et la crainte des républicains, qui voient en elle une candidate redoutable. Selon un sondage paru le 29 décembre 2014, si l'élection avait lieu en ce moment, Hillary Clinton remporterait haut-la-main l'élection présidentielle devant Jeb Bush, frère cadet de George W. en recueillant 54% des suffrages.


C'est parce qu'elle est une candidate sérieuse, avec un potentiel non-négligeable, que les détracteurs d'Hillary Clinton n'hésiteront sans doute pas à user de coups bas pour l'atteindre. Parce qu'elle est une femme politique de premier plan, mais aussi l'ancienne Première dame des États-Unis et parce qu'elle n'a jamais caché ou refreiné ses ambitions personnelles, Hillary Clinton est la cible idéale des conservateurs. Passage en revue des six reproches sexistes que ses adversaires masculins lui feront certainement.

Hillary Clinton est trop ambitieuse

Ce n'est un secret pour personne : frustrée d'avoir dû freiner durant des années ses ambitions politiques pour soutenir son mari Bill, alors président des États-Unis, Hillary Clinton est bien décidée à accéder par elle-même à la fonction présidentielle.


Or, certains voient clairement d'un mauvais oeil qu'une femme puisse avoir la prétention de faire carrière en politique, milieu traditionnellement masculin.


Jugée trop ambitieuse, trop tenace, trop agressive parce qu'elle ose briguer la fonction suprême, Hillary Clinton est une cible de choix pour ses détracteurs misogynes. Comme le commentateur politique sur MSNBC Chris Matthews, qui n'a pas hésité à qualifier Hillary Clinton de "diablesse". "La raison pour laquelle elle est devenue sénatrice, la raison pour laquelle elle est candidate à la présidente, c'est parce que son mari s'est fait prendre [pour adultère, ndlr]. Nous persistons à l'oublier, mais elle n'a aucun mérite", avait-il ajouté, avant de présenter publiquement ses excuses quelques jours plus tard.


À l'annonce de sa candidature, nombreux sont aussi les internautes à avoir franchi la limite. Sous le hashtag #WhyImNotVotingForHillary (pourquoi je ne vais pas voter pour Hillary), certains formulent des commentaires carrément sexistes.

Elle est trop émotive

Cristallisant les stéréotypes sur les femmes ambitieuses, Hillary Clinton va devoir faire face à une autre critique : celle d'être gouvernée par son émotivité. Alors qu'il ne serait jamais reproché à un candidat masculin d'être trop sensible, Hillary Clinton, elle, est irrémédiablement soupçonnée en tant que femme d'être gouvernée par ses émotions. Derrière ce reproche ultra-cliché, c'est sa capacité à raisonner et à prendre des décisions éclairées qui est remise en question.

Elle est trop vieille

À 67 ans, Hillary est-elle vraiment trop âgée pour être élue à la Maison Blanche ? Si elle l'emportait en 2016, Hillary Clinton ne serait pas seulement la première femme à devenir présidente des États-Unis : elle serait aussi la plus âgée des présidents élus depuis la Seconde guerre mondiale, rappelle 20minutes. Pourtant, elle est loin d'être la plus candidate la plus âgée pour le poste : lorsqu'il s'est présenté à l'élection en 2008, le candidat républicain John McCain était âgé de... 71 ans, soit quatre ans de plus qu'Hillary. Quant à Ronald Reagan, il avait presque 74 ans lorsqu'il a entamé son deuxième mandat en 1985. Enfin, personne ne semble rien avoir à redire au fait que le vice-président actuel Joe Biden soit dans sa 73e année.


Surtout, c'est l'état de santé d'Hillary Clinton qui suscite le plus de critiques. Hospitalisée d'urgence en décembre 2012 pour une commotion cérébrale, elle a été contrainte de quitter ses fonctions de secrétaire d'État de Barack Obama. En cause ? Le surmenage dû à sa fonction de chef des Affaires étrangères. Durant les quatre premières années de son mandat au secrétariat d'État, elle a passé 400 jours cumulés en voyage, visité 112 pays et parcouru 1,5 million de kilomètres.


Elle est trop "femme de"

Autre reproche fait à Hillary : celui d'être membre du "Clan Clinton" qui "tient" la Maison Blanche plus de vingt ans. First Lady dont les débuts à la Maison Blanche ont été chahutés – elle avait été chargée, en vain, de réformer le système de santé - Hillary Clinton a bénéficié d'un regain certain de popularité au moment de l'affaire Monica Lewinsky. Mais beaucoup de ses adversaires, tant démocrates que républicains, voient en elle une politicienne prête à tout pour tenir enfin les rênes du pouvoir. Mais la question est : oseraient-ils tenir le même genre de propos si c'était son époux Bill qui briguait aujourd'hui le poste de président des États-Unis après avoir patiemment attendu son tour ? Pas sûr.


Elle devrait se consacrer à sa famille

À l'instar de Laurent Fabius qui, à l'annonce de la candidature de Ségolène Royal à l'élection présidentielle, s'était fendu d'un : "Mais qui va garder les enfants ?", nombreux sont ceux qui reprochent à Hillary Clinton de vouloir faire passer ses aspirations politiques devant son devoir envers sa famille. Et de rappeler que sa place n'est pas dans le bureau ovale, mais plus sûrement à pouponner, Chelsea Clinton ayant donné naissance à son premier enfant en septembre dernier. Vous avez dit réac ?


Elle n'est pas assez branchée

Dernière critique sexiste qu'Hillary Clinton va devoir affronter si elle veut un jour être élue Présidente des États-Unis : celle sur ses choix vestimentaires, jugés trop classiques et pas assez branchés. Or, jamais jusqu'ici un candidat à l'élection présidentielle américaine n'avait suscité autant de débats sur ses tailleurs ou costumes. Quand on voit que même Vogue "couvre" la candidature d'Hillary à l'investiture démocrate en consacrant un article à ses "plus beaux looks", une question se pose : quand Hillary Clinton ne sera-t-elle plus considérée comme une femme candidate à l'élection de 2016, mais comme une candidate tout court ?

Les dossiers