C'est l'un des groupes les plus iconiques des années 2000.
Linkin Park a assuré son grand retour quelques années après le suicide de son chanteur emblématique, Chester Bennington. Pour revenir en force, le groupe de Mike Shinoda - devenu plus ou moins leader de par sa stature de figure historique et co-interprète du groupe - a pu compter sur sa nouvelle voix : Emily Armstrong. Chanteuse et "hurleuse" qui a déjà fait ses preuves dans son groupe de métal, la trentenaire redouble d'intensité sur scène. Ses capacités vocales confèrent à l'esprit Linkin Park une redoutable rage... Qui a toujours défini l'ADN du groupe.
Seulement voilà, malgré ses éclats sur les estrades, comme récemment au Stade de France (où Armstrong fut largement applaudie), la chanteuse subit toujours l'ire des pingouins les plus agités de la banquise. Les machos s'acharnent sur l'artiste sous prétexte "qu'elle n'est pas Chester", ne serait pas à la hauteur des attentes, porterait un poids trop lourd pour ses épaules.
Mais pour Shinoda, qui s'est exprimé en exclusivité dans les pages du Guardian, l'explication est toute autre...
Shinoda est particulièrement remonté.
Et on le comprend ! Face au déferlement de haine facile dont est victime Emily Armstrong sur les réseaux sociaux, il rétorque au journal britannique : "Les gens s'en sont pris à Emily parce qu'elle n'était pas un homme".
Là, l'artiste connu pour être la facette rap de Linkin Park depuis 25 ans s'en prend particulièrement à certains fans dits "puristes" qui sous couvert de passion cachent très mal leur misogynie.
Et de développer : "Les fans, pense-t-il, étaient « habitués à ce que Linkin Park soit six mecs et la voix d'un homme qui mène cette chanson. Ils étaient tellement mal à l'aise avec ce que c'était qu'ils ont choisi une tonne de sujets de plainte. Ils pointent du doigt dix directions différentes en disant : "Voilà pourquoi je suis en colère, voilà pourquoi le groupe est nul"
A voir Emily Armstrong sur scène, puis à observer, même en France, les réactions éparses d'anonymes furibards en ligne, on est à deux doigts de délivrer les mêmes conclusions que le rappeur.
Alors que les fans reconnaissent le talent de la chanteuse quand ils assistent à ses exploits scéniques - déchaînée, Armstrong impressionne autant par son énergie physique que par l'étendue de ses cordes vocales de métalleuse affirmée - certains "vieux de la vieille" semblent carrément l'exclure de l'histoire du groupe, et faire comme si elle n'existait pas. Généralement : tous ceux qui n'ont jamais vu un live récent de Linkin Park.
Et Shinoda d'appuyer l'importance d'Emily Armstrong au sein de la bande : alors que Linkin Park a toujours défendu les marginalités, répondant à l'injustice, la frustration, le mal être, par une musique cathartique, une voix féminine apparaît comme un choix des plus pertinents au sein de la société actuelle. D'autant plus quand la rage vocale est au rendez vous et illustre cette indignation.
"Linkin Park a toujours semblé moins agressif et intimidant que ses pairs du mouvement nu metal (les paroles sexistes dans les œuvres de groupes comme Limp Bizkit étaient vraiment problématiques), et Mike Shinoda a toujours détesté le côté machiste de ces groupes de musique à l'époque", énonce plus encore le Guardian qui décrypte les valeurs historiques du groupe.
"Tout comme Chester Bennington. Son groupe, selon lui, comportait « davantage de paroles introspectives. Ce n'était pas du genre : "Hé, je vais te botter le cul." C'était plutôt du genre : "Quelqu'un m'a botté le cul et je suis tellement frustré." Au lycée, je ne bottais le cul de personne. Ce n'était pas le cas."