Aux Etats-Unis, les bibliothécaires luttent pour informer sur l'avortement

Publié le Vendredi 12 Août 2022
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
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Aux Etats-Unis, les bibliothécaires ne comptent pas baisser la garde. Certains professionnels militent pour que le droit à s'informer sur l'avortement demeure fondamental.
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C'est une nouvelle inquiétante qui avait fait grand bruit : près d'un mois après la décision de la Cour suprême des Etats-Unis de révoquer le droit à l'avortement, la Caroline du Sud faisait un projet de mesure, dite "loi S. 1373", qui rendrait illégale... toute diffusion d'informations à propos de l'IVG.

Loi qui impliquerait une interdiction des services téléphoniques proposant les données en question, mais également une censure du web. Et, on l'imagine, une répression des documents-papier offrant de telles informations. Une situation qui ne pouvait que s'étendre dans les Etats les plus anti-IVG. Ainsi dans le comté de l'Oklahoma, relate le site littéraire ActuaLitté, les bibliothécaires ont déjà été officiellement sommés de "ne pas fournir d'informations sur l'avortement", voire même... d'éviter d'employer ce mot.

Les peines encourues en cas de transgression ? Licenciement, amende (jusqu'à dix mille dollars), emprisonnement... Rien que ça. Mais l'association des bibliothécaires américains se mobilise.

Un droit d'informer fondamental

Car comment aller à l'encontre du droit d'informer, en tant que bibliothécaire ? Bien des employés du comté de l'Oklahoma se posent vivement la question à l'heure de ces lois répressives imposées au personnel. Un bibliothécaire anonyme le déplore ainsi : "C'est dystopique de ne pas pouvoir poser de questions".

A l'unisson, relate ActuaLitté, l'American Library Association, autrement dit l'association de bibliothèques la plus grande et la plus ancienne dans le monde, milite contre ces nouveaux textes de loi contestant le droit d'informer. Textes que l'organisme plus que millénaire juge "discriminatoires" et inquiétants.

Pour l'American Library Association, cela est totalement contraire à "la responsabilité professionnelle des bibliothécaires", dont l'un des devoirs primordiaux est avant tout de "sélectionner des documents et d'apporter leur aide aux usagers qui recherchent des informations, sans imposer ses croyances personnelles". Cette prise de position pourrait engendrer une mobilisation plus vaste, parmi les bibliothécaires, mais aussi les écrivains. Des romanciers célèbres comme Stephen King se dont déjà exprimé sur le sujet.

Rétrospectivement, l'on se remémore ces mots de la directrice du Center for Biotechnology and Global Health Policy de l'Université de Californie Michele Goodwin à propos du projet de loi de la Caroline du Sud : "Des propositions de loi comme celle-ci ne seront pas des cas uniques. Les propositions se répandront comme une traînée de poudre dans les États qui se sont montrés hostiles à l'avortement".