La mode, milieu misogyne... Par essence ?
Cela, c'est ce qu'explique Loïc Prigent, journaliste, auteur, et figure très influente de la mode et du stylisme en général. Connu pour ses brèves - hyper relayées, puis carrément lues par Catherine Deneuve sur ARTE - et ses tweets type "Entendu à la rédac", il est l'une des voix les plus familières d'une sphère finalement très secrète.
Et justement, à la photographe Alice Moitié, il a répondu à quelques sujets sulfureux à propos de la sphère fashion. Par exemple : la mode est-elle un milieu misogyne ? La réponse ne se fait pas attendre de la part de l'éternel homme à casquette : oui. Evidemment. Mais l'orateur va beaucoup plus loin que ça...
Ce que va détailler Loïc Prigent, c'est que tout le monde, généralement, hétérosexuels, homosexuels, et femmes, assument une forme décomplexée de sexisme, voire de misogynie, sur les défilés, les séances photos d'artistes prisés et les podiums.
Vous avez vu Le diable s'habille en Prada ? La vérité est bien pire.
L'érudit, qui a tout connu sur le terrain, relate : "La mode, un milieu misogyne ? Ah oui, de fou. La mode a carrément un problème avec l'humanité. Là-bas, on se fout de tes traumas. Les homosexuels ont un gros problème de misogynie dans la mode".
"Mais pas seulement. Même les femmes sont misogynes dans la mode. Dans des maisons dirigées par des femmes, où les femmes occupent tous les hauts postes relatifs, et bien il y a beaucoup de misogynie entre elles. La mode se fout de tes psychoses, de tes blessures, ils veulent juste te sculpter dans le marbre. C'est le milieu le plus misogyne. Alors que les femmes en sont les principales clientes."
Là tout de suite, on pense à l'attitude anti sororale au possible de Miranda Priestly, alias Meryl Streep, véritable Cruella des strass et de la presse féminine, dans le film cité plus haut. Et au comportement de véritables légendes de cette sphère, plus encore sur la scène des magazines fashion. Cependant, cela s'étendrait jusqu'aux plus grandes maisons, défend Loic Prigent.
Qui entre les lignes suggère tout le "feminism washing", c'est à dire le féminisme de pacotille, factice, proclamé dans un but purement opportuniste, dont toutes les lignes de vêtements et de parfums font usage. Alice Moitié d'abonder : "Donc ce n'est même pas une question de genre, c'est purement culturel, cette misogynie ?". La réponse semble être : oui.
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