Dakota Johnson ose une assertion des plus audacieuses.
Quand Vogue lui demande de décrire son style en quelques mots, elle énumère : chic, confortable, mystérieuse... Et "salope". Elle ajoute : "Il n'y a rien de mal à être une salope, vous savez ?". "Being slutty" dans la langue de Shakespeare et des premières punks de l'histoire de la musique.
Dakota le dit tout sourire. Récemment, elle arborait la naked dress, une robe sulfureuse, de par sa transparence totale. Dévoilant sous-vêtements, et seins de ses égéries diverses. Un style de plus en plus prisé. Dakota aligne les looks les plus sexy et assume comme jamais sa sensualité, et sa sexualité.
Ces mots l'illustrant, car ils sont intimes et politiques.
Elle dénonce le slut shaming en célébrant la liberté des femmes à assumer leur sexualité.
Décomplexé et provoc, pour les machos qui sont scandalisés. Rires.
Dakota Johnson a raison de le dire : rien de mal à être une salope.
Salope, c'est un terme qui a rapidement été réapproprié par les militantes féministes.
On pense évidemment au Manifeste des "salopes" époque Beauvoir, pour défendre le droit à l'avortement, au féminisme pro sexe des Etats-Unis dans les années 80, aux artistes s'engageant pour la liberté des femmes à disposer de leur corps, et de leur plaisir. De leur sexualité.
Des punks d'Angleterre qui jouaient en culotte sur scène aux superstars américaines d'aujourd'hui qui osent la naked dress. Le mot "slutty" revient toujours et loin des saillies sexistes d'antan il acquiert un sens libérateur.
Une charge salutaire contre le slut shaming.
Le "slut shaming", c'est le fait de juger ou d'insulter une femme sur la simple considération de sa sexualité (supposée), au travers de ses paroles, de ses actes, de son attitude, de ses tenues, de son apparence physique. Un phénomène qui touche notamment les jeunes femmes.
En France, Zahia Dehar, plus connue sous le nom de Zahia, en parle avec une éloquence rare.
"C'est un fléau de notre société, et qui n'est pas encore résolu ! On met les femmes dans des catégories et les femmes qui ont le malheur d’être dans cette catégorie de "mauvaises femmes", dans ces cas-là, la société leur fait payer un prix qui est énorme, qui est horrible", dit-elle au sujet de ces violences qu'elle ne connaît que trop bien.
"Quand j'étais adolescente, j'avais envie de mettre des mini jupes. Mais alors que mon corps se formait, je sentais que la société commençait déjà à nous dire à nous les filles : faites attention ! vous n'avez pas intérêt à être une mauvaise fille ! une traînée, une dévergondée... Pourquoi tout ça c'est mal déjà ? Ceux-là mêmes qui t'insultent, ils ne savent pas pourquoi c'est mal !"
Elle évoque davantage ce fléau à travers une autre appellation, la putophobie.
Dakota Johnson l'avait ressentie en arborant une naked dress.
Cette robe transparente qui fait trembler les réacs et s'est vue interdite sur le tapis rouge du Festival de Cannes n'a jamais été aussi élégante que sur ses épaules. La comédienne dévoilait ses fesses et sa poitrine au gré des looks, sans jamais néanmoins que cela semble trop frontal.
Cela, l'actrices ne le craignait pas, car tel qu'elle l'énonce : elle bataille pour la liberté des femmes, celles que les hommes jamais exempts de critiques sexistes jugent "vulgaires" et "exhibitionnistes". Elle a raison.
© BestImage, Zuma Press / Bestimage
player2