Les queues de cheval bannies des collèges japonais : elles pourraient "exciter" les garçons

Publié le Lundi 14 Mars 2022
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Les queues de cheval bannies de collèges japonais car elles pourraient "exciter" les garçons
Les queues de cheval bannies de collèges japonais car elles pourraient "exciter" les garçons
Pas de queue de cheval pour étudier : voilà la directive de plusieurs établissements scolaires japonais. La raison de cette interdiction absurde ? La vue sur la nuque des jeunes filles pourrait "exciter sexuellement" les élèves masculins.
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Les collégiennes doivent désormais rayer l'option queue de cheval de leurs possibilités de coiffure. Au Japon, celle-ci est interdite aux filles dans nombreux établissements car la "nuque" pourrait "exciter sexuellement" les élèves de sexe masculin, d'après Vice. En 2020, une étude montrait que cette décision était appliquée à une école sur dix dans la préfecture de Fukuoka.

Motoki Sugiyama, ancienne professeure du secondaire, la déplore fermement, et la compare à la politique scolaire de n'autoriser que des sous-vêtements blancs aux adolescentes, invisibles sous les uniformes.

"Ils craignent que les garçons ne regardent les filles, ce qui est similaire au raisonnement qui sous-tend le maintien de la règle des sous-vêtements de couleur blanche uniquement", explique-t-il au média. "J'ai toujours critiqué ces règles, mais comme il y a un tel manque de critiques et que c'est devenu si normal, les étudiant·es n'ont pas d'autre choix que de les accepter."

A son indignation s'est ajoutée celle des parents et des élèves qui, en juin dernier, on protesté contre ce code vestimentaire absurde, poussant le gouvernement japonais à les réviser. Seulement, toutes les écoles n'ont pas été mises au pas.

Un sexisme systémique décomplexé

"De nombreuses écoles ignorent les avis qui ne sont pas juridiquement contraignants ou qui ne sont pas assortis de sanctions", poursuit l'enseignante. D'ailleurs, la queue de cheval et la couleur des sous-vêtements ne sont pas les seuls détails à être pris pour cible par l'administration.

Il y a également la couleur des chaussettes des enfants, la longueur des jupes et même la forme de leurs sourcils, note le New York Post. Ou encore, les colorations capillaires : "Si les cheveux d'un élève ne sont pas 'noirs ou raides', il doit prouver qu'il s'agit de sa couleur naturelle", précise le média.

Devant le mécontentement des élèves, certains collèges prennent la décision de s'adapter. Celui de Hosoyamada, dans la préfecture de Kagoshima, a par exemple lâché du lest en autorisant, non pas les nattes ou les queues de cheval, mais les sous-vêtements noirs, gris ou bleu marine. Bon. Une réalité qui pourrait prêter à rire si elle ne prenait pas racine dans un sexisme systémique aussi décomplexé.

En France, alors que le port du crop-top avait soulevé un débat insensé en 2021, on se dit par ailleurs qu'ici aussi, le combat pour l'égalité et contre les violences faites aux femmes est loin d'être gagné.