Alors que le Maroc se targue d’avancer dans la voie de la réforme de façon pacifiste et démocratique, les femmes veulent faire entendre leur voix pour que leurs droits soient davantage pris en compte dans les textes législatifs. Samedi dernier, une chaîne humaine de 350 femmes était organisée à Rabat, du parlement jusqu’au ministère de la Justice et des Libertés. Le but, « interpeller les décideurs au sujet des lois discriminatoires vis-à-vis des femmes », selon l’organisatrice de ce « Printemps de la dignité », Mme Asmae Mehdi.
Cette coalition réunissant 22 associations de défense des droits des femmes et des droits humains en général appelle à la création de lois pénalisant la violence infligée aux femmes sous toutes ses formes : violence conjugale, harcèlement, etc. Le collectif déplore notamment qu’un projet de loi contre les violences conjugales ait été déposé devant le Parlement en 2010, sans être jamais adopté par les députés. La loi sur le harcèlement sexuel est également très attendue, un sit-in national avait eu lieu à Rabat une semaine auparavant pour exiger la criminalisation de toutes les formes de harcèlement sexuel, à l’initiative d’une antenne de la Fédération de la ligue démocratique des droits de la femme (FLDDF). S’il existe une loi sanctionnant le harcèlement sexuel au Maroc, elle reste difficile à appliquer puisqu’elle impose la preuve par un témoin.
Le « Printemps de la dignité » intervient dans un contexte de réforme pénale générale au Maroc et d’urgence pour les femmes. En effet, selon une enquête du Haut Commissariat au Plan Marocain (HCP), 63% des femmes âgée de 18 à 64 ans ont déjà été victimes d’un acte de violence, soit 6 millions de femmes sur une population totale de 32 millions d’habitants. Plus inquiétant, dans son bilan 2011, l’Observatoire marocain des violences faites aux femmes relève une hausse du phénomène et recense près de 10 000 cas supplémentaires de femmes victimes de violences par rapport à 2010.
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