Les professeurs de collèges et lycées de l’enseignement public pourraient à l’avenir être évalués par les seuls chefs d’établissement. C’est en effet ce que préconisent les projets d’arrêté et de décret révélés hier par le site d’enseignants « café pédagogique ». Ils modifieraient ainsi le système d’appréciation de la qualité professionnelle des professeurs « par la mise en œuvre d’un entretien professionnel et des modalités d’avancement d’échelon par l’introduction d’un mécanisme de réductions d’ancienneté ». Cet entretien serait alors uniquement réalisé « par le supérieur hiérarchique. direct » indique le projet de décret. Jusqu’à présent, la qualité de l’enseignement d’un professeur et sa pédagogie étaient évaluées par les inspecteurs pédagogiques régionaux. Mais ce n’est pas tout puisqu’une autre mesure est annoncée : les enseignants seraient évalués, en plus de leur discipline attitrée, sur leur « capacité à faire progresser chaque élève » ou encore sur leur « pratique professionnelle dans l’action collective de l’établissement ».
À l’annonce de ce décret, le principal syndicat des collèges et des lycées, Snes-FSU, a vivement réagi. Il a d’ailleurs jugé ce projet « totalement inacceptable ». Le syndicat a également dénoncé dans un communiqué l’objectif de ce projet qui est de « transformer radicalement le métier et le rôle » des enseignants du secondaire. « Ce qui deviendra de fait premier, ce n’est plus le cœur du métier, la capacité de l’enseignant à faire acquérir savoirs et compétences à ses élèves, mais tout ce qui est périphérique à l’acte d’enseigner » a ajouté Snes-FSU. « Le ministère organise un véritable passage en force en voulant soumettre son projet au comité technique ministériel avant les congés de fin d’année » regrette aussi le syndicat, qui, selon Daniel Robin, l’un de ses cosecrétaires généraux, réfléchit à ce propos à lancer un appel à la grève.
De son coté, le ministère a affirmé que ce n’était seulement que des « documents de travail ». Le ministre de l'Éducation, Luc Chatel, a assuré aujourd’hui qu'il n'était « pas question de prendre en catimini un décret ».
Alexandre Roux
(Source : ouestfrance.fr)
Crédit photo : AFP