





Seul contre tous !
C'est cette assertion qu'érige en intitulé de sa première émission Eric Dupond-Moretti. Avocat hyper médiatique aux plaidoiries emblématiques - transposées au cinéma et sur scène - et ex Garde des Sceaux, ministre de la Justice aux paroles sonores si ce n'est volontiers controversées. Eric Dupond-Moretti arrive à la télévision sur les ondes de Paris Première en prenant les rennes d'une toute nouvelle émission... De débats.
Et pour ce faire, l'homme à l'hermine invoque un casting de poids : Aymeric Caron, Sarah Knafo, Robert Ménard... Et en guise de premier round, une autre représentante des Français, placée à gauche sur l'échiquier politique : Sandrine Rousseau, femme de convictions jamais ménagée sur les réseaux sociaux. Une rencontre dont les premières images suggèrent une plutôt houleuse tournure...
Eric Dupond-Moretti versus Sandrine Rousseau.
C'est sous l'effigie d'un duel que semble se profiler ce grand débat télévisuel. En tout cas, si l'on en croit cette séquence dévoilée par C à vous...
Séquence où Eric Dupond-Moretti déclare avec son habituelle solennité - et son goût assumé pour la controverse : "Si l'on fait un barbecue et que je prends le risque de me brûler les pattes plutôt que de vous demander à vous de remuer la braise, est-ce de la masculinité toxique ou de la galanterie ?"
Une interrogation lunaire qui exige certainement d'être mieux contextualisée - l'émission en question étant diffusée le 19 mai prochain. La réaction de Sandrine Rousseau durant cette séquence en tout cas est limpide : un calme olympien, un vague sourire amusé... Et une tirade plus politique, à savoir : "Je vois surtout qu'aujourd'hui, la consommation de viande rouge est utilisée comme symbole par les masculinistes",
Ce à quoi Eric Dupond-Moretti rétorque par une blague, proposant plutôt de "faire cuire des saucisses".
A Anne-Elisabeth Lemoine, revenant sur ces images dévoilées en avant première, l'homme de loi déclare cependant avec davantage de minutie : "Je respecte l'engagement de Sandrine Rousseau, qui est une noble cause. Mais je lui ai dit que, par ses excès, elle nuit à la cause qu'elle veut porter."
Evoquant Elisabeth Badinter, "grande féministe" qu'il érige en antithèse de Sandrine Rousseau, ou contre exemple, l'avocat fustige ce qu'il intitule les "excès" de l'écoféministe et notamment, sa charge très médiatisée contre la viande rouge. Pourtant, le discours de Sandrine Rousseau est limpide : démontrer en quoi la consommation de viande est étroitement liée au mythe de la virilité et à la construction culturelle de la masculinité. Et par extension, à ce que ce mythe engendre de plus violent : les masculinistes, et leurs agressions misogynes.
Arnold Schwarzenegger tient précisément le même discours. Sans récolter les noms d'oiseaux auxquels a droit Sandrine Rousseau.
Rappelons le contexte. En 2022, la députée réveillait les machos sur les réseaux sociaux en appelant à "changer de mentalité pour que manger une entrecôte cuite sur un barbecue ne soit plus un symbole de virilité". Et elle n'est pas la seule à tenir ce propos. L'interprète de Terminator en personne dans le documentaire Netflix The Game Changers explique : "C'est du grand marketing de la part de l'industrie de la viande : on vous vend l'idée que les vrais hommes mangent de la viande"
"Personne ne peut comprendre ce discours mieux que moi parce que j'ai vécu dans le monde du culturisme. Mais il faut bien comprendre que c'est du marketing. Ce n'est basé sur aucune réalité"
Pourquoi les vérités énoncées par Sandrine Rousseau sont-elles si dures à entendre ? De nombreux hommes à l'unisson sont conscients du rapport fantasmé entre viande et masculinité. Et des dommages de cette consommation sur les stéréotypes de genre... Et la planète, également.
Une interrogation toujours d'actualité alors que l'élevage industriel est effectivement responsable de 14,5% des émissions de gaz à effet de serre sur Terre.