Sécurité routière : « La fête ne doit pas se transformer en drame »
Publié le 29 décembre 2011 à 17:46
Par Marion Roucheux
A la veille du réveillon du 31 décembre, la Sécurité routière est sur le qui-vive. Afin de réduire les risques d'accident sur la route dus à la consommation d'alcool, la prévention est de rigueur, mais les contrôles seront également renforcés. Entretien avec Jean-Luc Névache, délégué interministériel à la Sécurité routière.
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Terrafemina : Y-a-t-il des mesures particulières qui sont mises en place pour le weekend du 31 décembre ? Compte-t-on plus de risques d’accidents de la route en période de fêtes ?

Jean-Luc Névache : Les fêtes de fin d’année ne sont pas une période particulièrement accidentogène, mais il s’agit tout de même d’une période à risque et qui plus est extrêmement symbolique. Un accident mortel le soir d’un réveillon est en effet une perspective terrifiante pour tous. Au-delà des chiffres, les esprits sont marqués lorsque la fête collective se transforme en drames individuels. Pour le weekend de la Saint-Sylvestre, le ministère a donné des instructions aux préfets afin de prévenir les dangers. Certaines villes ont ainsi interdit la consommation et l’achat d’alcool sur la voie publique pour limiter les excès dangereux. Par ailleurs, il y a une mobilisation des forces de l’ordre sur les contrôles d’alcoolémie afin que la fête ne se transforme pas en drame.

TF : La Sécurité routière a lancé en décembre une nouvelle campagne. Quels sont les axes de prévention sur lesquels il est possible d’agir ?

J-L N. : L’alcool est devenu la première cause de mortalité sur nos routes. Il faut donc agir dans deux directions. D’abord en empêchant les récidivistes de conduire en état alcoolique. Il s’agira de leur imposer d’avoir un véhicule équipé d’un éthylotest antidémarrage. Par ailleurs, nous développons une politique d’auto-contrôle et d’auto-évaluation.  Ainsi, à partir du printemps 2012 chaque automobiliste devra avoir dans son véhicule un éthylotest. Reste que l’objectif est évidemment que les conducteurs s’en servent, et malheureusement quand une personne a bu elle se sent infaillible et n’a pas ce réflexe. Il faut donc que la pression vienne de l’extérieur, de la société. Aujourd’hui quand quelqu’un a un peu trop bu à la fin d’une soirée ou d’un dîner, on lui dit « tu es sûr que tu peux conduire ? », « prends un taxi » ou bien « reste dormir à la maison ». Ce sont des paroles de bonne conscience mais cela ne suffit pas. Il faut désormais passer aux actes, d’où notre nouvelle campagne de prévention : « quand on tient à quelqu’un, on le retient ». Il ne faut ainsi pas hésiter à prendre les clefs du conducteur, à lui appeler un taxi ou à hausser le ton.

TF : Vous préconisez l’action. Dans quelle mesure pensez-vous que les comportements peuvent évoluer ?

J-L N. : Dans cette démarche active, les femmes ont une grande part à jouer. En effet, 92% des personnes qui meurent dans des accidents de la route liés à l’alcool sont des hommes. Cela ne veut pas dire que les femmes boivent moins que les hommes, les chiffres démontrent au contraire que les consommations sont équivalentes, mais elles n’ont tout simplement pas les mêmes comportements. La culture de la sécurité est plus développée chez les femmes que chez les hommes, elles distinguent beaucoup plus la consommation d’alcool de la conduite. Par ailleurs, en France 30,8% des accidents sur la route sont liés à l’alcool, un chiffre qui était le même il y a dix ans et qui reste constant dans le temps. Or en Grande-Bretagne ce taux est de 17% et il est de 10% en Allemagne, pour des consommations équivalentes. Le vrai problème est donc le comportement des conducteurs français qui ne dissocient pas assez la consommation d’alcool et la prise du volant. Ces chiffres nous montrent cependant que nous avons une grande marge de manœuvre devant nous. Nous pouvons faire évoluer les choses en développant l’auto-contrôle et le rôle de la responsabilité collective.

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