Société
Trois anciennes miliciennes de Daech en Syrie témoignent
Publié le 30 novembre 2015 à 12:38
Par Marie Chaumière
Le "New York Times" a recueilli le témoignage glaçant de trois anciennes membres de la brigade féminine de Daech qui ont fui la Syrie. Réfugiées en Turquie, elles racontent leur vie sous le joug de l'Etat islamique.
Une femme portant le niqab Une femme portant le niqab© Getty Images, Raquel Maria Carbonell Pagola
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Pour Dua, Aws, et Asma, les trois anciennes miliciennes de Daech interviewées par le New York Times, il y a un avant et un après juin 2014, la date de la prise de Raqqa par l'Etat islamique. Avant que leur ville ne tombe aux mains des djihadistes, les trois jeunes femmes menaient une vie normale, entre études universitaires et sorties entre amis au bar à chicha. Sur les photos de cette ancienne vie qu'elles ont conservées précieusement sur leurs smartphones, on peut en effet les voir en train de se balader dans la nature, de danser, de faire bronzette au bord d'un lac...

Se marier pour survivre

Quand Daech a pris le contrôle de Raqqa et a commencé à persécuter ses habitants, les trois jeunes femmes ont, chacune de leur côté, décidé de se rallier à l'organisation terroriste pour protéger leurs familles en épousant des combattants, pour deux d'entre elles, et en rejoignant la brigade Khansaa, police des moeurs féminine mise en place pour surveiller les civils.

C'est ainsi qu'Aws est devenue l'épouse d'un soldat turc de l'Etat islamique et que sa cousine Dua a épousé un riche Saoudien, également au service de l'organisation. Mais ces unions imposées, plus heureuses que prévues, ne sont pas parvenues à distraire les deux jeunes femmes, livrées à elles-même tandis que leurs époux respectifs étaient au combat. Afin d'occuper leurs longues journées sans électricité ou accès à Internet, Aws et Dua ont donc rejoint la brigade Khansaa, chargée de faire respecter la loi de l'Etat islamique dans la ville.

Le statut privilégié des djihadistes occidentales

Au New York Times, les jeunes Syriennes racontent leurs journées à patrouiller dans la rue. A leurs côtés, des Anglaises, des Françaises ou des Tunisiennes ayant rejoint la Syrie. Celles-ci jouissent d'ailleurs d'un meilleur statut que les Syriennes, sans doute car elles ont dû quitter leur pays. La mission d'Asma, qui a également rejoint la brigade, consistait justement à réceptionner ces Occidentales à la frontière turque et de les aider à s'installer. Elle se souvient ainsi d'un groupe d'Anglaises arrivées au printemps dernier, "et si heureuses d'être là, riant et souriant". Plus tard, elle a appris que ces jeunes femmes venaient du quartier londonien de Bethnal Green en découvrant des Unes de journaux britanniques à leur sujet. Surtout, les trois jeunes femmes racontent comment leur entourage a commencé à les percevoir une fois qu'elles sont devenues membres de la milice de Daech.

Après la mort de leurs époux lors d'attentats-suicide, Aws et Dua ont reçu la visite de combattants de Daech. Ceux-ci leur ont expliqué qu'elles devaient se remarier sans délai afin de pouvoir s'occuper d'autre soldats. Dévastée, Dua a résolu la première de s'échapper, aidée par son frère. Quatre mois plus tard, Aws, qui avait, elle accepté de se remarier, l'a rejointe après la fuite de son second époux. De son côté, Asma s'est enfuie car son refus de se marier l'avait quant à elle mise dans une situation de plus en plus compliquée.

Le retour impossible en Syrie

Réfugiées au sein d'une communauté syrienne en Turquie, les trois jeunes femmes ne peuvent guère contacter leurs familles et craignent que leurs proches ne deviennent la cible de représailles à cause d'elles. Aucune d'entre elles n'imagine pouvoir un jour retourner à Raqqa, et ce même si Daech était vaincu.

"Qui sait quand les combats s'arrêteront ? La Syrie va devenue comme la Palestine. Chaque année, on se dit que tout va s'arrêter et qu'on va être libres. Et les années passent. la Syrie est devenue une jungle désormais", explique Asma. "Même si un jour la situation s'améliore, je ne retournerai jamais à Raqqa. Trop de sang a été versé de tous les côtés, et je ne parle pas que de celui versé par l'Etat islamique", renchérit Aws.

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