





Madonna vs l'âgisme, chapitre 1200.
Lors de son apparition à la 65e cérémonie des Grammy Awards le 5 février 2023, la chanteuse la plus provoc de l'histoire de la pop se voyait étrillée de toutes parts sur les réseaux sociaux en raison... Des gros plans effectués sur son visage, jugé insuffisamment chatoyant au regard du public. Oui oui.
"Une fois de plus, je suis prise dans le fléau de l'âgisme et de la misogynie qui imprègne le monde dans lequel nous vivons", taclait-elle sans détour sur Instagram, à juste titre d'ailleurs.
Hélas, mille fois hélas, deux ans plus tard, rebelote : alors qu'elle se dévoile tout aussi sulfureuse qu'hier, en culotte, au gré de clichés sulfureux mis en ligne en l'honneur du Mois des fiertés, la Madonne a dû faire face à d'improbables saillies sexistes... Et là encore : âgistes.
Madonna affronte les misogynes...
"Laisse tomber Madonna. Je t'aime, mais ton heure est révolue"
Voilà ce que l'on peut lire abondamment sur les réseaux sociaux, et plus encore les clichés ci dessous, aussi sulfureux que controversés donc. Quand on a de tels fans, on a guère besoin d'ennemis. Et la fête ne s'arrête pas là, malheureusement.
."C'est normal de vieillir. Il faut que quelqu'un le lui dise", "Sur la dernière photo, assise dans son lit, on dirait une vieille patiente qui a sonné à la porte, attendant que son infirmière l'emmène aux toilettes", "C'est comme regarder sa grand-mère allongée en sous-vêtements", abondent les internautes.
L'enfer. Qu'en retenir, de tout cela, au juste ?
Que la condition féminine s'illustre en deux minutes avec Madonna.
D'un côté, les femmes n'ont pas le droit de vieillir : au sein de notre société patriarcale, elles doivent rester jeunes, conserver leur aura glamour, leur désirabilité auprès de la gent masculine et de son omniprésent regard. Cependant, si elles s'efforcent de satisfaire ces injonctions, elles sont violemment fustigées, pour ne pas dire humiliées, systématiquement commentées sur leur physique, leur sexualité présumée...
Au fond, si Madonna n'avait pas eu recours à la chirurgie esthétique, son sort aurait été le même : celui d'une star dont la société refuse toute confiance en sa sensualité affirmée, sous prétexte qu'elle a 66 ans. 66 ans, âge suffisant pour la voir qualifiée de "grand mère", et bannie à jamais de son statut d'icône.
Certainement car Madonna, comme personne, n'affirmait pas uniquement sa stature de sex symbol au gré de ses prises de parole, de ses clips et de sa garde robe d'avant garde : elle assénait surtout son indépendance et son irrévérence, quitte à déranger les hommes, soucieux de la posséder.
On souffle, on souffle.
Et on se rappelle ces mots salvateurs, ceux de la chanteuse tout naturellement, qui en 2023 déjà y allait de son manifeste à l'adresse des misogynes : "J'ai hâte de vivre encore de nombreuses années de comportement subversif, de repousser les limites, de tenir tête au patriarcat et, surtout, de profiter de ma vie."