"Tu fais ton coming out ?", "Gay", "Tu nous sors quoi là", "Tu dérailles frérot"
Les Prix Nobel de Littérature se déchaînent dans l'espace commentaires d'une star du foot : Benjamin Pavard, légende des Bleus, qui a suscité l'ire des homophobes en se contentant de partager... Un selfie en marcel blanc. Autoportrait tout ce qu'il y a de plus ordinaire, mais qui a engendré les moqueries, à force emojis, de ses coéquipiers (comme Kylian Mbappé), et les insultes de nombreux hommes.
Apparemment, un sportif qui se met en valeur serait "gay". Tout du moins, si l'on en croit les nombreuses remarques d'une confondante bêtise qui se multiplient sous cette photo abondamment commentée. Tant et si bien que des espaces comme Le coin des LGBTQ s'en indignent à juste titre. Et beaucoup, beaucoup d'internautes, qui viennent épingler l'homophobie du milieu du foot.
On le sait volontiers, l'homophobie dans le foot est encore un tabou, qui perdure, malgré des événements comme Olivier Giroud et Antoine Griezmann en Unes de Têtu, le magazine des cultures LGBTQ.
Et les réactions à ce selfie le démontrent de manière exacerbée.
Heureusement, bien des voix s'en indignent. Critiquant une forme de jalousie de la part de ces messieurs, une beauferie crasse, un état d'esprit d'un autre âge, qu'on pensait révolu, surtout parmi ses coéquipiers sportifs s'amusant de cet autoportrait qui pourtant prête peu à la rigolade. "Vous êtes tous unis dans la connerie", s'offusque un internaute.
Et rappellent à quel point les hommes doivent souffrir d'une masculinité ô combien fragile pour penser qu'une photo en marcel blanc quelque peu "sexy" témoigne d'un manque flagrant de virilité. Quand bien même, défendront certains, c'est tout l'inverse.
Florilège de décryptages qui font rire très très jaune : "Donc en fait dès qu'un mec fait un effort vestimentaire c'est gay ?", "Règle numéro un, si on te demande si t'es gay, c'est que t'es bien habillé", "il faut être si fragile dans sa masculinité pour être choqué par cette photo", "les femmes le trouvent beau, donc forcément, pour les hommes, c'est gay".
L'homophobie est banalisée dans le foot.
Tant et si bien que l'an dernier, l'association SOS homophobie en appelait à asséner "des sanctions fermes et exemplaires prononcées par la commission disciplinaire de la Ligue de football professionnel" envers tout auteur de chant homophobe en stade. "Les chants entonnés dans l'enceinte du Parc des Princes sont une manifestation de l'ancrage profond de l'homophobie dans la société française", déplore Sos Homophobie.
"Ce sont les mêmes insultes qui sont utilisées de façon décomplexée dans les cours de récréation, où " pédé " reste l'une des plus prononcées, et sur les réseaux sociaux, caisse de résonnance de la haine anti-LGBTI".
Mais cette mentalité au degré zéro s'énonce également en dehors des stades.
Par exemple, à chaque apparition fashion de Jules Koundé.
Autre superstar du foot, qui en portant jupe et talons agace les homophobes et les misogynes : "Va te faire foutre", "Golmon", "Il est pas seul dans sa tête", "Dose", "C'est quoi ça ?", "Il se voit comme un homme ou comme une femme ?", "Bientôt il va débarquer en string"...
Le joueur du FC Barcelone débarque à Clairefontaine en santiags à talons, robe 'signée de la créatrice britannique Simone Rocha), bottines montantes, et cela suffit à engendrer des réactions issues de l'Age de Pierre. Pas très étonnant de fait quand on constate ce que suscite un simple marcel.
