Copacabana ou une mère et sa fille à Cannes

Publié le Mardi 18 Mai 2010
Copacabana ou une mère et sa fille à Cannes
Copacabana ou une mère et sa fille à Cannes
Dans cette photo : Isabelle Huppert
Mères et filles à la ville comme à l’écran, Isabelle Huppert et Lolita Chammah incarnent cette relation faite d’amour, de non-dits et d’incompréhension dans Copacabana. Signé du réalisateur Marc Fitoussi, le film fait partie de la sélection de La Semaine de la Critique de Cannes, festival parallèle qui s’intéresse aux jeunes cinéastes.
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Une mère et sa fille. Une  ex-babacool, vivant au gré de ses envies et presque à la dérive, mais qui, ne supportant que sa fille ait honte de l’inviter à son mariage, décide de se reprendre en mains et une jeune femme qui, souffrant trop de la fantaisie de sa mère, rêve d’une vie rangée, de mariage en blanc et de la sécurité des fonctionnaires. Une actrice à la carrière exemplaire qui est devenue un modèle et une jeune comédienne, déjà remarquée mais surtout riche de promesses. Et aussi… une mère et sa fille : Isabelle Huppert et Lolita Chammah. C’est dans toutes ces confrontations que le film de Marc Fitoussi, Copacabana, présenté il y a quelques jours à Cannes à la Semaine de la Critique, trouve tout son sel, son charme – et même son pouvoir d’émotion.

En confiant les rôles de cette mère et de sa fille à Isabelle Huppert et à Lolita Chammah, le réalisateur de cette comédie douce-amère sur les bords de la Mer du Nord donne non seulement plus de poids et d’évidence à son propos mais nourrit cette part de fantasme, de rêverie, de projection dont raffole le cinéma - et les cinéphiles. Le spectateur imagine bien que cette histoire n’est pas leur histoire, que ces rapports tendus, faits de blessures, de frustrations et de maladroites demandes d’amour, ne sont certainement pas leurs rapports, mais cela ne l’empêche pas de laisser son esprit vagabonder. Et de se poser mille questions comme devant un jeu de miroirs où les reflets se poursuivent à l’infini. De quel plaisir ludique, de quelle complicité voire de quel exutoire ou de quelle rivalité enfouie, ces scènes d’affrontement sont-elles le fruit ? A quel instant, à quel regard, à quelle expression, l’intimité partagée, la connaissance profonde qu’elles ont forcément l’une de l’autre ont-elles cédé le pas à la découverte, à la révélation, à la surprise ? Voire à la fierté ? Comment dépasse-t-on ces liens du sang pour travailler ensemble seulement comme deux actrices mais… qui jouent quand même une mère et sa fille ?

Une chose est sûre : Copacabana prouve que bon sang ne saurait mentir. Face à une Isabelle Huppert, pleine d’une fantaisie aussi réjouissante qu’émouvante, loin des femmes dangereuses et glacées qu’elle a souvent interprétées ces derniers temps, Lolita Chammah trouve sa place aisément. Avec un naturel confondant, une belle assurance et une grande subtilité. La dernière image qui voit la mère et la fille du film réconciliées dans un magnifique et bouleversant sourire est, sinon comme un passage de relais (il est clair qu’Isabelle Huppert n’entend pas quitter le devant de la scène de sitôt !), du moins comme un beau salut de bienvenue. Ou mieux comme une affectueuse invitation à un voyage en commun dans le cinéma.   

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