Sleeping beauty, un plongeon dans une prostitution étudiante

Publié le Jeudi 17 Novembre 2011
Sleeping beauty, un plongeon dans une prostitution étudiante
Sleeping beauty, un plongeon dans une prostitution étudiante
Dans cette photo : Jean Dujardin
Lucy, est une jeune étudiante. Elle travaille ici et là pour gagner un peu d'argent, jusqu'au jour où elle répond à une annonce dans sa fac qui la conduit à coucher avec des hommes âgés, droguée pour ne rien se rappeler de la nuit et reprendre le cours de sa vie tranquillement le lendemain matin.
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Ce film n’est en rien érotique, mais froid et lucide. Il peint des personnages à la dérive, ces hommes vieux, abimés, engagés dans une sexualité triste, ratée, usée. Cette fille, très belle, n’attache pas d’importance à son corps. Elle se débrouille soit pour draguer des hommes plus âgés qu’elle, soit se laisse embarquer dans cette prostitution glauque dont elle devient de plus en plus dépendante financièrement.

Très bien filmé, "Sleeping Beauty" est le reflet d’une partie de la société actuelle. Il décrit ce triptyque d’une prostitution banalisée : des clients cyniques tournés sur la satisfaction d’un plaisir individuel, des prostituées pour lesquelles leur corps perd de son importance, souvent par contrainte financière, qui s’installent dans cette situation, enfin les intermédiaires, organisateurs du bon déroulement de cette activité.

Les médecins et acteurs sociaux côtoyant la prostitution y retrouveront les principaux ingrédients. D’un coté, une étudiante sans argent, seule, issue d’un milieu familial fragile qui ne s'en tire pas. Des petites annonces dans la fac dans lesquelles on propose un job de serveuse qui débouche progressivement sur autre chose. Une accoutumance puis une dépendance à cette situation qui s’installe. D’un autre coté, des hommes âgés et riches qui recherchent beaucoup sans y parvenir à travers ces rapports sexuels, un désir de toucher un corps, un désir de puissance, ou un désir de jeunesse.

Le million de clients réguliers de la prostitution en France est-il si différent de ces personnages caricaturés à l’extrême par Julia Leigh ? Eloge de la beauté et violence du regard, du vocabulaire ou des gestes, argent qui manque puis qui file entre les doigts, absurdité et impasse de cette dérive, tout est dit sur la prostitution. C’est une des forces du film. Il lève aussi le rideau sur la réalité de 5 ou 10 000 étudiantes en France (1), chiffre en croissance, entrainées dans cette spirale infernale. Si le film est dur, c’est qu’il ouvre les regards sur une réalité qui l’est encore plus.

« Mon espoir est que le film permette au public d’utiliser son imagination, de projeter ses secrets.» déclare Julia Leigh. Le pari est réussi pour "Sleeping Beauty".

Source (1) : www toutnestpasavendre.blog.lemonde.fr

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