Miki est une jeune chanteuse sensationnelle, une grande révélation musicale.
Son premier album Industry Plant révèle son univers doux-amer, décalé, mélodique, cru, très incarné, à l'écriture hyper singulière, glissant d'un phrasé volontairement déconstruit et absurde à une évocation frontale de sujets graves - comme les violences sexuelles, subies dès le plus jeune âge. Il fait beaucoup réagir sur les réseaux sociaux ces derniers jours... Et ses prises de parole encore plus ! Car Miki ne laisse personne indifférent. Des déclarations très commentées...
Telle celle-ci, sur le "beauty shaming" et le "beauty privilege", un sujet très controversé.
Sur France Inter, dans la séquence à retrouver ci-dessous, l'interprète nommée aux NRJ Music Awards en tant que Révélation féminine explique effectivement au journaliste Medhi Maizi qu'elle a dû "s'enlaidir" au lycée pour ne pas susciter la jalousie des autres filles et plus globalement se fondre au sein du "groupe".
A une période comme chacun sait où toutes les filles sont catégorisées, étiquetées, jugées sur leurs vêtements et leur physique. C'est la loi du lycée.
C'est la définition du beauty shaming également : subir reproches, préjugés, critiques, pressions diverses, juste car l'on correspond à certains diktats esthétiques de beauté, telle que la société l'envisage - la société patriarcale naturellement, d'où émanent discriminations et stigmatisation.
Miki aborde également un détail très important lors de cette interview intimiste au micro de France Inter : la séduction, une autre injonction, et tout ce que rapport de séduction cristallise de réflexions sexistes chez les garçons, mais aussi... Chez les filles. Il est question de misogynie intériorisée en vérité. Et cette misogynie, elle éclot très, très tôt.
En quelque sorte, c'est une violence patriarcale : le patriarcat décide de ce qu'est la beauté, et plus encore de ce qu'est la beauté féminine, source de désir du regard masculin, qui vient objectifier, et vient surtout mettre en rivalité les femmes, brusquant dangereusement l'idéal de la sororité.
Et cela, malheureusement, peu d'internautes semblent réellement le comprendre. Ou essayer de l'entendre.
"Elle se prend pour qui", "Elle est si vide", "Ca va les chevilles ?", "Le discours est problématique", "C'est une bobo qui nage en plein délire", s'acharnent ainsi de nombreux internautes sur TikTok, n'entendant guère ce que la chanteuse s'exerce à réellement exprimer. On leur recommandera la lecture du King Kong Théorie de Virginie Despentes.
Alors que le beauty shaming est un vrai enjeu de société.
Il a trait aux injonctions à la féminité, au double-standard, à l'industrie cosmétique, mais également à l'hyper sexualisation.
Ce sujet-là d'ailleurs, Miki l'avait frontalement évoqué dans Paris Match.
“Je suis Eurasienne, donc un objet sexuel pour les mecs. Ma chanson Roger Rabbit parle de violences sexuelles. C'est la continuité d'un sentiment que j'ai depuis toujours, surtout en tant qu'Eurasienne, celui d'être fantasmée par des hommes", énonçait-elle effectivement dans les pages du célèbre magazine. Etrangement, une réflexion aussi limpide que celle-ci, encore une fois, a suscité d'exacerbées réactions. Car elle dérange ?