Saint-Valentin : Sites de rencontres, chat...Peut-on s'aimer sur Internet ?

Publié le Lundi 13 Février 2012
Saint-Valentin : Sites de rencontres, chat...Peut-on s'aimer sur Internet ?
Saint-Valentin : Sites de rencontres, chat...Peut-on s'aimer sur Internet ?
Alors que tous les amoureux de la planète s'apprêtent à célébrer la Saint-Valentin, un livre du psychanalyste Pascal Couderc s'interroge sur les dangers de l'amour virtuel : peut-on entretenir une liaison sur Internet et ensuite s'aimer au grand jour ? Et quels sont les risques des sites de rencontres ? Interview.
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Terrafemina : Pourquoi vous êtes-vous intéressé au sujet de l’amour virtuel ?

Pascal Couderc : Mon poste d’observation, c’est mon cabinet et mes patients, et je me suis aperçu que de plus en plus de personnes qui se rencontraient via Internet consultaient pour des difficultés liées à ce mode de rencontre.

Tf : L’amour sur Internet offre-t-il plus de choses que l’amour réel ? Est-il plus puissant ?

P.C. : Il est probablement plus puissant mais aussi plus compliqué. Dans le virtuel, il y a par définition, une grande place laissée à l’imaginaire. Vous avez beaucoup plus l’impression d’avoir affaire à un idéal sauf que c’est une illusion. Le virtuel permet de se construire un personnage. Et plus on va créer quelqu’un qui n’existe pas loin de nous, plus dur sera la chute. L’amour par Internet est plus puissant grâce au fantasme qu’il entretient, mais aussi plus précaire car au moment où il faut passer à l’épreuve de réalité, c’est souvent une désillusion et une grande déception.

Tf : Existe-t-il un profil de l’amoureux virtuel ?

P.C : Plus on avance dans notre époque et moins il y a de profils particuliers. Aujourd’hui les personnes osent dire qu’elles se sont rencontrées via Internet. Ce qui n’était pas le cas il y a 5 ans. Mais certains profils sont plus vulnérables. On trouve d’abord ceux qui ont beaucoup de mal à se rencontrer dans la vie réelle parce qu’ils ont des difficultés relationnelles. Même si Internet est une aubaine pour eux, il y a toujours l’épreuve de réalité. Il y a ceux qui ont des gênes liées à leur image physique. Internet permet d’occulter le physique pour avoir accès à la personnalité de l’autre. De plus en plus nombreuses sont les personnes dont l’emploi du temps ne permet pas de rencontrer l’autre.

Tf : L’amour virtuel peut-il devenir une drogue ?

P.C. : Plus on est en attente et plus on risque d’être candidat à l’addiction. Plusieurs signes montrent l’addiction, lorsqu’on passe du désir au besoin et que cela envahit les autres champs de la vie. Les moyens technologiques d’aujourd’hui font qu’il est très difficile de se passer d’Internet. Il y a des gens qui éteignent leur téléphone, le mettent dans leur coffre ou qui ne l’emmènent pas avec eux en vacances. On devient dépendant parce que l’offre est tellement généralisée qu’on pense qu’il y a toujours mieux donc on ne peut pas s’arrêter. Il y a une espèce de course en avant, un engrenage. Pour quelqu’un qui a des difficultés affectives, la relation virtuelle crée encore plus facilement une dépendance.

Tf : Finalement comment bien manier l’outil ?

P.C. : Déjà, faire que ce ne soit pas la source exclusive de contact avec l’autre sexe ou le même sexe pour les personnes homosexuelles, il faut absolument avoir une vie sociale. Le risque c’est l’enfermement dans le virtuel. Si on a des difficultés relationnelles, il faut consulter, car ce n’est pas en surfant sur des sites de rencontres qu’on va pouvoir les régler. Elles vont même s’amplifier. On ne poursuit pas une correspondance pendant des mois sans l’objectif de construire une vraie relation dans la vie réelle. Je conseille de rencontrer l’autre au bout de quinze jours, trois semaines. Au-delà, la part fantasmatique est trop importante et donc la désillusion est assurée. Après, il faut essayer de trouver des astuces pour vérifier, surtout au départ, quelques informations, savoir si l’autre existe bien tel qu’il se présente, tel qu’il se vend.

« L'amour au coin de l’écran », Pascal Couderc avec la collaboration de Catherine Siguret, Albin Michel.

Crédit photo : Digital Vision

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