Prix Goncourt 2012 : Deville, Ferrari, Lê, Dicker... de quoi parlent les finalistes ?

Publié le Mardi 30 Octobre 2012
Fanny Rivron
Par Fanny Rivron Journaliste
Prix Goncourt 2012 : Deville, Ferrari, Lê, Dicker... de quoi parlent les finalistes ?
Prix Goncourt 2012 : Deville, Ferrari, Lê, Dicker... de quoi parlent les finalistes ?
L'Académie Goncourt l'a annoncé depuis Beyrouth : les quatre finalistes du Prix Goncourt sont Patrick Deville, Jérôme Ferrari, Linda Lê et Joël Dicker. Le prix sera décerné le 7 novembre à Paris.
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Voilà une année où l’on ne pourra pas reprocher à l’Académie Goncourt de privilégier le fameux trio d'éditeurs Gallimard, Grasset, Le Seuil. Cette cuvée littéraire 2012 pour le Prix Goncourt met en effet à l’honneur de plus petits éditeurs. Les quatre écrivains toujours en lice pour obtenir le plus prestigieux des prix littéraires sont les Français Patrick Deville (Seuil), Jérôme Ferrari (Actes Sud) et Linda Lê (Bourgois) et le Suisse Joël Dicker (Fallois). Le glorieux lauréat qui verra son ouvrage tiré à près de 400 000 exemplaires et sa photo à la Une de tous les médias sera connu le 7 novembre. Mais de quoi parle le roman qui leur vaudra peut-être de passer à la postérité ? Résumés.

« Peste et choléra » de Patrick Deville

Parmi les jeunes chercheurs qui ont constitué la première équipe de l’Institut Pasteur créé en 1887, Alexandre Yersin aura mené la vie la plus mouvementée. Très vite il part en Asie, se fait marin, puis explorateur. Découvreur à Hong Kong, en 1894, du bacille de la peste, il s’installe en Indochine, à Nha Trang, loin du brouhaha des guerres, et multiplie les observations scientifiques, développe la culture de l’hévéa et de l’arbre à quinquina. Il meurt en 1943 pendant l’occupation japonaise. Pour raconter cette formidable aventure scientifique et humaine, Patrick Deville a suivi les traces de Yersin autour du monde, et s’est nourri des correspondances et documents déposés aux archives des Instituts Pasteur.

« La vérité sur l'affaire Harry Québert » de Joël Dicker

À New York, au printemps 2008, alors que l’Amérique bruisse des prémices de l’élection présidentielle, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, est dans la tourmente : il est incapable d’écrire le nouveau roman qu’il doit remettre à son éditeur d’ici quelques mois. Le délai est près d’expirer quand soudain tout bascule pour lui : son ami et ancien professeur d’université, Harry Quebert, l’un des écrivains les plus respectés du pays, est rattrapé par son passé et se retrouve accusé d’avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec qui il aurait eu une liaison. Convaincu de l’innocence de Harry, Marcus abandonne tout pour se rendre dans le New Hampshire et mener son enquête. Sous ses airs de thriller à l’américaine, « La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert » est une réflexion sur l’Amérique, sur les travers de la société moderne, sur la littérature, sur la justice et sur les médias.

« Le sermon sur la chute de Rome » de Jérôme Ferrari

Dans un village corse perché loin de la côte, le bar local est en train de connaître une mutation profonde sous l’impulsion de ses nouveaux gérants. À la surprise générale, ces deux enfants du pays ont tourné le dos à de pRometteuses études de philosophie sur le continent pour, fidèles aux enseignements de Leibniz, transformer un modeste débit de boissons en « meilleur des mondes possibles ». Mais c’est bientôt l’enfer en personne qui s’invite au comptoir, réactivant des blessures très anciennes ou conviant à d’irréversibles profanations des êtres assujettis à des rêves indigents de bonheur, et victimes, à leur insu, de la tragique propension de l’âme humaine à se corrompre.
Entrant, par-delà les siècles, en résonance avec le sermon par lequel saint Augustin tenta, à Hippone, de consoler ses fidèles de la fragilité des royaumes terrestres, Jérôme Ferrari jette, au fil d’une écriture somptueuse d’exigence, une lumière impitoyable sur la malédiction qui condamne les hommes à voir s’effondrer les mondes qu’ils édifient et à accomplir, ici-bas, leur part d’échec en refondant sans trêve, sur le sang ou les larmes, leurs impossibles mythologies.

« Lame de fond » de Linda Lê

Un homme vient de mourir. Du fond de sa tombe au cimetière de Bobigny, il évoque, sur un ton qui n’a rien de tragique, mais au contraire ironique et presque joyeux, les péripéties qui ont marqué la dernière année de sa vie d’exil en France. Il n’est pas le seul à se confier. Sa femme, Lou, sa fille, Laure, une adolescente gothique, légèrement déjantée, et une mystérieuse beauté eurasienne, Ulma, se racontent aussi tour à tour, de façon comique ou déchirante. En une journée, de l’aube au crépuscule, ce quatuor exhume le passé. Il y a dans ces pages une grand-mère toute dévouée à sa petite fille, un cadre du Parti Communiste vietnamien qui n’a pas assumé son rôle de père, une ancienne hippie nostalgique des folles années soixante-dix, des personnages bataillant pour échapper aux conventions, mais tout, finalement, tourne surtout autour du séisme qui a provoqué un bouleversement dans le quotidien d’une famille jusque-là sans histoire.

Crédit photo : Photodisc

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