Florence Pujol : comment manger et se sentir bien au travail

Publié le Mercredi 25 Mai 2011
Florence Pujol : comment manger et se sentir bien au travail
Florence Pujol : comment manger et se sentir bien au travail
Coup de barre, coup de stress, déjeuner sur le pouce et chocolats en cachette : l'alimentation sur son lieu de travail n’est pas simple à gérer. Florence Pujol, diététicienne et nutritionniste, vient de sortir un nouveau guide aux éditions Puf, intitulé « Je mange et je suis bien ». Un principe qu'elle nous propose d'appliquer sur le lieu de travail.
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Spécialisée dans les troubles alimentaires, Florence Pujol est attachée à la clinique du Château de Garches et exerce en libéral à Paris. Elle enseigne à l’Université Paris VIII et en écoles de diététique. Elle a publié de nombreux ouvrages, dont le dernier aux éditions Puf : « Je mange et je suis bien ».

Terrafemina : Le petit-déjeuner est-il essentiel pour bien démarrer la journée ?

Florence Pujol : Le petit-déjeuner n’est absolument pas obligatoire pour un adulte. Quand on se réveille, on a plutôt soif, et pas forcément faim. Donc mieux vaut boire et emporter une collation à consommer au bureau dans la matinée. Ce pourra être un sandwich beurre-confiture, un produit laitier, ou quelque chose de salé selon son envie et son plaisir de saveur. L’important, c’est de consommer des aliments dont le corps a envie, mais quand on ressent la faim. C’est un mythe de dire « je mange pour éviter d’avoir faim », car cela conduit le corps à stocker et donc à grossir. Donc pas de petit-déjeuner pour celles qui n’ont pas faim. Afin de se confronter à la peur du ventre vide, n’hésitez pas à toujours avoir un aliment sur vous en cas de besoin.

Tf : Mais comment tenir pendant la fameuse réunion du lundi qui dure toute la matinée ?

F.P. : C’est gênant de manger pendant ce type de réunion, alors il est possible d’avoir une alimentation liquide, à base de jus, café, thé, avec du sucre dedans, car cela nourrit le corps. Il n’est pas nécessaire de privilégier les sucres lents aux sucres rapides : cela ne joue que pour les diabétiques, qui ont un problème d’insuline ! Et si cela ne suffit pas à vous caler, profitez d’une pause pour prendre un petit gâteau.

Tf : Comment lutter contre le petit creux de 11h30 ?

F.P. : C’est un mythe de dire qu’il ne faut pas succomber au petit creux de fin de matinée ! Même si on a prévu de déjeuner à midi trente, on risque d’être très nerveuse pour la dernière heure de travail, et au moment de déjeuner, de consommer des aliments plus denses en calories voire trop se nourrir. Il est donc plus rentable de consommer une petite chose à 11h30, qui apaisera votre faim, et vous rendra moins nerveuse. Cela vous permettra de manger tranquillement au déjeuner et de vous arrêter au moment de satiété.

Tf : Justement, quelle alimentation faut-il privilégier au déjeuner?

F.P. : Le mieux, c’est de ne pas avoir d’idées préconçues pour voir quelles sont ses véritables envies. Il faut vivre le déjeuner à l’instant présent. En effet, il n’y a pas d’aliments qui font grossir ou maigrir. Ce qui fait grossir c’est de manger sans faim, sans plaisir de saveurs et sans pouvoir s’arrêter à satiété. Par exemple, si vous mangez une assiette de pâtes, vous sentez que vous pourriez en manger une deuxième. En revanche, si vous prenez un steak et des pâtes, vous ne pouvez pas imaginer en prendre une deuxième portion ! Evidemment, il ne faut pas forcément manger cela à tous les déjeuners, mais il faut savoir s’arrêter à satiété pour éviter de somnoler l’après-midi. Enfin, je ne recommande pas de prendre seulement un sandwich, car si l’on n’apporte qu’une seule saveur à son corps, celui-ci va en redemander. Mieux vaut couper le sandwich en deux, garder la deuxième partie pour plus tard et compléter avec autre chose.

Tf : Et que faire face au coup de barre de l’après-midi ?

F.P. : Il ne s’agit pas d’un besoin de manger mais de dormir ! Manger, c’est digérer, ce qui équivaut à courir un marathon. N’hésitez pas à aller aux toilettes faire une sieste. Vous prenez un Stabilo dans la main, vous vous détendez, et quand il tombe, cela vous réveillera. Buvez alors un grand verre d’eau, et vous serez requinquée ! Ensuite, il faudra voir comment rééquilibrer votre sommeil, car la fatigue fait grossir (elle vous fait manger pour tenir).

Tf : Et pour celles qui ont vraiment faim l’après-midi ?

F.P. : Sachez distinguer un repas qui est une prise alimentaire avec faim, d’un grignotage qui est une prise alimentaire sans faim. Si à 15 heures on mange parce que l’on a faim, il s’agit d’une collation et on ne craint rien en matière de prise de poids. On sera d’autant plus sereine pour finir sa journée de travail.

Tf : En quoi le stress est-il dangereux pour notre comportement alimentaire ?

F.P. : Par exemple, un repas de travail peut être une source de stress quand on sent que ce que l’on va dire sera évalué, et qu’il y a donc des enjeux. Si on déjeune avec son boss, on n’est pas obligé de prendre comme lui une entrée, un plat et un dessert. Mieux vaut prendre deux entrées. De plus petites portions seront également plus pratiques si vous avez besoin de parler. Ensuite, quand on stresse, on met le nez dans son assiette, et on mange pour meubler. C’est évidemment à éviter.

Tf : Les femmes débordées qui sautent un repas peuvent-elles se consoler en se disant que cela les fait maigrir ?

F.P. : Les premières fois où elles le font, leur corps se fait avoir et il peut effectivement maigrir. Mais à force, leur corps va se mettre à réclamer des aliments plus intenses en calories, afin de récupérer ce qu’il n’a pas eu. En plus, il va développer un phénomène de résistance à la perte de poids. Le corps anticipe qu’on va le priver de repas donc il prend du poids au fur et à mesure : il s’adapte ainsi à la situation. Pour revenir à la normale, il devra reprendre confiance, ce qui n’est pas facile.

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