Golshifteh Farahani : la belle et rebelle Iranienne pose nue

Publié le Lundi 09 Février 2015
Anaïs Orieul
Par Anaïs Orieul Journaliste
Golshifteh Farahani : la belle et rebelle Iranienne pose nue
Golshifteh Farahani : la belle et rebelle Iranienne pose nue
Dans cette photo : Golshifteh Farahani
Exilée en France depuis sept ans, l’actrice Golshifteh Farahani fait un pied de nez à son pays natal, l’Iran, en apparaissant nue en une du magazine Egoïste. Deux ans après avoir dévoilé un sein pour les César, la jeune femme maîtrise plus que jamais le « nu politique ».
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Prise il y a déjà deux ans, c’est pourtant fin janvier 2015 que cette photo a commencé à faire parler d’elle. Pour le magazine Egoïste, la comédienne iranienne Golshifteh Farahani a ainsi accepté de poser entièrement nue. Devant l’objectif du photographe Paolo Roversi, elle se révèle à la fois vulnérable mais résolue, pudique mais fière de sa féminité. Et si les courbes sont exhibées, la sensualité et la provocation n’ont pas leur place dans ce cliché en noir et blanc. C’est qu’avec Golshifteh Farahani, le nu devient rapidement politique. La bouche en cœur et la pose suggestive, très peu pour elle. Et si son regard suggère une certaine tristesse, c’est pourtant une grande détermination qui l’a poussée à retirer ses vêtements. Car quel plus beau pied de nez à son pays natal, l’Iran, que de se mettre littéralement à nue tout en restant décente en couverture d’un magazine ?

Car depuis sept ans, Golshifteh Farahani est exilée en France, loin des siens et de sa terre. En tournant non voilée dans la grosse production hollywoodienne « Mensonges d’Etats » au côté de Leonardo DiCaprio en 2007, l’actrice a provoqué un scandale dans son pays. Bravant par la même occasion une interdiction de sortie du territoire, l’étoile montante du cinéma indépendant iranien a fini sa course à Paris, terrifiée de ce qui pourrait lui arriver si elle rentrait chez elle. A Egoïste elle confie : « Paris est le seul endroit de la planète où les femmes ne sont pas coupables. En Orient, tu l’es tout le temps. Tu es coupable dès que tu ressens tes premières pulsions sexuelles, avant même l’adolescence. La France m’a libérée. Je pense que toutes les femmes du monde devraient passer un an à Paris, au minimum, ça devrait être remboursé et obligatoire ».

Golshifteh Farahani


Le sein de la discorde

Bien avant le corps entier,c’est son sein droit que Golshifteh Farahani avait choisi de montrer. Dans la vidéo des Révélations aux César 2012 shootée par Jean-Baptiste Mondino, la star « A propos d’Elly » se dénudait légèrement, provoquant par la même occasion un véritable tollé dans son pays où la loi islamique est en vigueur. Plus tard, elle racontera au Guardian qu’un homme politique a par la suite téléphoné à ses parents à Téhéran pour les menacer. « Votre fille sera punie, sa poitrine vous sera présentée sur un plateau », avait-il lancé au père de la jeune femme. En brisant un tabou, Golshifteh Farahani a « provoqué une catastrophe », comme elle le dit elle-même.

A l’instar d’autres rebelles aux seins nus
comme les très controversées Femen, l’actrice ne s’est pas dénudée pour qu’on la regarde mais pour qu’on l’entende. Au Figaro, elle confie simplement qu’elle a accepté de poser pour Egoïste « il y a deux ans, pour dire ‘tout ça, pour ça’ et exprimer ma colère ». Aujourd’hui, la compagne de Louis Garrel ne veut plus commenter la photo du scandale même si elle ne regrette rien.



Un changement de mentalité en Iran ?

Devenue un symbole de la lutte contre l’ordre établi, Golshifteh Farahani confiait l’année dernière à Paris Match que la seule chose qui pourrait l’inciter à rentrer en Iran est « un changement profond des mentalités, une réforme. Pas juste une façade comme un nouveau président ». Si on peut parler d’une douce utopie, il semble pourtant que l'élection du modéré Hassan Rohani à la présidence en 2013 commence à faire doucement bouger les choses. Pour la première fois, une femme a été nommée ministre et le chef de l’Etat a par ailleurs promis de donner davantage de « libertés individuelles » à ses compatriotes féminines. Preuve que les Iraniennes ne veulent plus voir leurs droits bafoués, elles commencent à se rebeller doucement mais sûrement, en dansant dans le métro ou en retirant leur voile sur Facebook.

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