Hello Barbie, la poupée qui espionne les enfants

Publié le Mardi 24 Février 2015
Anaïs Orieul
Par Anaïs Orieul Journaliste
Hello Barbie, la poupée qui espionne les enfants
Hello Barbie, la poupée qui espionne les enfants
Elle n’a pas encore de date de sortie officielle mais affole déjà les médias et les parents. « Hello Barbie », première poupée connectée créée par Mattel pourra discuter avec les enfants et collecter ainsi leurs goûts et centres d’intérêts. Vous avez dit flippant ?
À lire aussi

Elle est blonde, possède encore et toujours des mensurations de rêve et est toujours composée de plastique. En 2015, Barbie n’a pas évolué d’un iota. En tout cas physiquement. Car si on s’approche plus près du nouveau modèle présenté récemment par Mattel aux salon du jouet de New York, on se rend vite compte que quelque chose cloche. Baptisée « Hello Barbie », la célèbre poupée peroxydée version 2.0 est capable de tenir une discussion avec les enfants. Si elle est affublée des habituels accessoires, elle innove grâce à son logiciel de reconnaissance vocale intégré. Les adultes avaient pris l’habitude de faire joujou avec Siri, les enfants pourront poser toutes les questions qui leur passent par la tête à « Hello Barbie ».

Comme le relate Slate.fr, l’arrivée de cette nouvelle demoiselle sur le marché du jouet inquiète parents et médias. En Allemagne, l’hebdomadaire Stern n’a pas hésité à rebaptiser la poupée en « Barbie Stasi », en référence à la police politique de l’ancienne RDA. Ce qui fait peur, c’est bien évidemment l’enregistrement des données personnelles par le jouet. Sur le site de Stern, on peut ainsi lire :

« Pour que cela fonctionne, elle enregistre en permanence l'ensemble des sons émis dans son environnement. S'il elle reconnaît que quelqu'un est en train de parler, la poupée enregistre ce qui est dit et le transmet à un serveur Mattel. La langue est analysée là-bas et une réponse adéquate est générée. (…) Mattel veut également enregistrer les goûts des enfants. Cela sert soi-disant à donner des réponses adéquates. On imagine aisément la valeur que représente pour un fabricant de jouets une base de données utilisable qui recense les goûts des enfants ».


Mattel et sa blonde à la dérive

Avec sa nouvelle Barbie capable de se connecter en WI-FI, Mattel tente le tout pour le tout. Car depuis quelques années, les ventes de sa célèbre blonde font la gueule. Au dernier trimestre 2014, la marque a vu ses profits chuter de 59% par rapport à la même période l’année précédente. Une dégringolade qui a entraîné la démission du président de Mattel début 2015, Bryan Stockton. Mais alors, quel est le problème dans le fond ?

Tout d’abord, Hasbro, concurrent de Mattel longtemps spécialisé dans les « jouets pour garçons » s’est mis à truster le marché féminin en lançant une nouvelle gamme de poupées Petit Poney baptisées Equestria Girls. Un pari réussi puisque les jouets rencontrent un succès phénoménal. Qui plus est, Hasbro a également battu Mattel dans le course à la princesse. Le spécialiste des poupées blondes a ainsi perdu la licence de La Reine des Neiges au profit de son concurrent. Cerise sur le gâteau, les enfants sont de plus en plus attirés par les tablettes et les jeux comme Candy Crush. Mattel n’arrive donc tout simplement plus à tenir la cadence.

Equestria Girls


Les poupées « normales » font de l’ombre à Barbie

Commercialisée pour la première fois en 1959, Barbie se serait-elle transformée malgré elle en vieille réac qui ne fait plus rêver personne ? Certes, depuis quelques années, Mattel tente de changer l’image de sa poupée en la transformant petit à petit en féministe affirmée. Mais même quand elle essaie de dépoussiérer sa poule aux oeufs d'or, la marque se plante. En démontre sa « Barbie Entrepreneur » en tailleur rose bonbon qui a fait grincer pas mal de dents lors de son arrivée sur le marché en juillet dernier. On peut également citer le scandale provoqué par la commercialisation du livre « Barbie informaticienne », dans lequel on peut voir l’héroïne demander de l’aide à ses collègues masculins face à... la panne de son ordinateur.

A contrario, les poupées dites « normales » connaissent un succès croissant. Il y a quelques mois, un jeune entrepreneur américain a ainsi lancé avec succès Lammily, première poupée affichant les proportions d’une vraie jeune fille. De l’autre côté du globe, en Tasmanie, une maman s’amuse à réhabiliter les poupées Bratz. Elle les démaquille, repeint leur visage et leur offre des vêtements tricotés à la main. L’objectif est plus ou moins le même : les faire ressembler à des jeunes filles normales. Suite au buzz provoqué par son Tumblr, cette trentenaire très inventive a ouvert une boutique sur Etsy. Comme on pouvait s’y attendre, les poupées se vendent comme des petits pains. Enfin, notons que sur le continent africain, Barbie a été détrônée par les « Queens of Africa », des poupées noires correspondant beaucoup plus à l’identité culturelle des petites filles.