Irlande : une femme enceinte en état de mort cérébrale maintenue en vie

Publié le Mardi 23 Décembre 2014
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
Irlande : une femme enceinte en état de mort cérébrale maintenue en vie
Irlande : une femme enceinte en état de mort cérébrale maintenue en vie
En Irlande, une femme enceinte en état de mort cérébrale est maintenue artificiellement en vie pour assurer la viabilité du fœtus, contre la volonté de ses proches. Alors que la Haute Cour irlandaise est appelée à se prononcer ce mardi 23 décembre sur ce cas délicat, des voix s'élèvent pour dénoncer le « bourbier éthique » que constitue le droit à l'avortement dans le pays.
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Est-il moralement acceptable de maintenir artificiellement en vie une femme en état de mort cérébrale pour permettre à l'enfant qu'elle porte de naître ? C'est la délicate question sur laquelle devra se prononcer la Haute Cour d'Irlande ce mardi 23 décembre. Depuis deux semaines, une jeune femme enceinte, qui a souffert de lésions internes sévères à la suite d'un caillot sanguin, est maintenue artificiellement en vie par les membres de l'hôpital Beaumont, à Dublin, pour permettre à son fœtus de 17 semaines de vivre et se développer jusqu'à être viable hors de l'utérus de sa mère. Pourtant, la décision prise par le personnel hospitalier va à l'encontre des convictions des proches de la jeune femme.

Selon The Irish Times, les médecins du Beaumont Hospital craignent d'enfreindre la loi en éteignant les machines qui maintiennent la jeune femme en vie : depuis 1983 en effet, la Constitution irlandaise donne au fœtus les mêmes droits de vie que sa mère. Si la Haute Cour de justice donne raison à l'hôpital, la jeune femme devra être maintenue en vie jusqu'à ce que le fœtus ait au moins 24 semaines.

Un vide juridique et un « bourbier éthique »

Relayée par les grands médias nationaux, du Irish Times au Irish Independent, cette nouvelle affaire met une nouvelle fois en lumière le difficile statut du droit à l'avortement dans un pays majoritairement catholique et conservateur.

Ce n'est pourtant pas la première fois qu'un tel flou juridique relatif à l'IVG est pointé du doigt. En juillet 2013, une nouvelle loi était votée pour autoriser l'interruption volontaire de grossesse en cas de danger pour la vie de la mère, sans aborder les cas de viol, d'inceste ou d'anomalie du fœtus. Initiative du gouvernement, cette loi visait alors à répondre à l'indignation de la population soulevée en octobre 2012 par la mort d'une jeune femme suite au refus des médecins de pratiquer un avortement, alors qu'elle faisait une fausse couche.

Dans une tribune publiée le 20 décembre dans L'Irish Independent, la chroniqueuse Nicola Anderson dénonce une nouvelle fois la position du pays sur l'IVG et souligne l'inutilité de la loi votée il y a un an et demi face au « grand bourbier moral, étique et politique des trente dernières années ».

Le tollé suscité par ce nouveau drame a trouvé un écho auprès de la classe politique, qui reste néanmoins très partagée sur la question. Si le ministre de la Santé, Leo Varadkar, a appelé à revoir la Constitution « trop restrictive » qui a « un effet paralysant sur les médecins », le Premier ministre irlandais Enda Kenny s'est quant à lui montré intransigeant. « Je n'ai pas l'intention de réagir de manière impulsive à une question aussi personnelle, sensible et complexe que celle-ci », a-t-il déclaré.

De leur côté, les proches de la jeune femme maintenue en vie au Beaumont Hospital ont déclaré vivre « une terrible catastrophe ». « Je veux juste pouvoir reposer en paix ma pauvre fille », a expliqué son père au Irish Independent.

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