Birmanie : La LND accepte la main tendue du nouveau régime

Publié le Vendredi 18 Novembre 2011
Birmanie : La LND accepte la main tendue du nouveau régime
Birmanie : La LND accepte la main tendue du nouveau régime
Le parti d'Aung San Suu Kyi est de retour dans le jeu politique birman. La LND (Ligue nationale pour la démocratie), dissoute en mai 2010, participera aux élections partielles de la fin d'année. Un pas de plus pour le nouveau régime « civil » qui veut se forger une assise internationale. Décryptage avec Mireille Boisson, coordinatrice pour la Birmanie au sein d'Amnesty International.
À lire aussi

Terrafemina : Dissoute en mai 2010, la LND (Ligue nationale pour la démocratie) vient d’annoncer son retour dans le jeu politique, est-ce que cela signifie que le parti d'Aung San Suu Kyi accorde sa confiance au gouvernement « civil » qui a remplacé la junte ?

Mireille Boisson : Il serait très exagéré de parler de « confiance », cette décision marque l’entrée dans le dialogue, mais la LND restera sur la réserve. Le gouvernement a tendu la main, en annonçant il y a quelques semaines trois amendements à la Constitution qui permettaient à ce parti d’exister de nouveau. Ces mesures étaient clairement taillées pour que la LND revienne en politique. Le parti a saisi cette main et il a eu raison. C’est une bonne nouvelle aussi car la LND a évité l’éclatement, alors que les membres étaient divisés sur la question. Les plus vieux, ceux qui ont tenu le parti pendant les années d’emprisonnement d’Aung San Suu Kyi, étaient méfiants, les jeunes, eux, voulaient y aller, ils refusent la stratégie de la chaise vide et espèrent changer la Constitution de l’intérieur.

TF : Quelle est la position d’Aung San Suu Kyi dans ce débat, et quel rôle pourrait-elle jouer lors des prochaines élections partielles ?

M. B. : Aung San Suu Kyi était plutôt pour que le parti ne soit plus marginalisé, mais c’était au comité central du parti d’en décider. La LND va participer aux élections partielles annoncées pour la fin d’année ou début 2012, 40 sièges sont à pourvoir pour remplacer les députés qui ont été appelés à d’autres fonctions. Aung San Suu Kyi se présentera probablement dans une circonscription, et sera à coup sûr, élue. Est-ce que le gouvernement, qui n’a cessé d’œuvrer pour son retour en politique, l’appellera pour exercer de plus hautes fonctions ? L’avenir nous le dira.

TF : Depuis la libération d’Aung San Suu Kyi en novembre 2010, la junte militaire a laissé place à un régime « civil », mais qui reste contrôlé par l’armée. La répression fait-elle partie du passé ?

M.B. : Les réformes symboliques et les gestes du régime ne doivent pas faire oublier le nombre (presque 1800) de prisonniers d'opinion qui sont encore retenus dans les prisons birmanes. Des libérations étaient attendues ce lundi, et un groupe de moines a manifesté pour réclamer la liberté pour tous les prisonniers politiques. Hier, plus de mille personnes sont venues écouter leur prière à Mandalay (dans le centre de la Birmanie), et ces manifestations ont été largement couvertes par la presse. Pourtant l'armée n’est pas intervenue pour disperser le groupe, et cela a surpris tout le monde.

Pétition d'Amnesty International pour 1800 prisonniers d'opinion

Crédit photo : Wowell

VOIR AUSSI

Aung San Suu Kyi libérée
Birmanie : premier voyage d'Aung San Suu Kyi depuis sa libération
Birmanie : Aung San Suu Kyi rend hommage aux martyrs de l'indépendance
Luc Besson tourne un film sur Aung San Suu Kyi