Affaire DSK : l'année qui a ruiné 25 ans de politique

Publié le Lundi 14 Mai 2012
Affaire DSK : l'année qui a ruiné 25 ans de politique
Affaire DSK : l'année qui a ruiné 25 ans de politique
Dans cette photo : Dominique Strauss-Kahn
Il y a un an, jour pour jour, Dominique Strauss-Kahn était interpellé par la police new-yorkaise suite à la plainte pour viol d'une femme de chambre de l’hôtel Sofitel. Depuis, un enchaînement d’affaires de mœurs sont venues achever le cas de l’ancien patron du FMI. Pour cet ex-favori de la présidentielle, il a suffi d'une année pour ruiner définitivement 25 ans de carrière politique. Retour sur l’année maudite de DSK.
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19 décembre 2010. Dans une interview accordée au journal Libération, Laurent Fabius, ex-Premier ministre socialiste, réjouit toute sa classe politique en déclarant que l’idée d’une candidature à la présidentielle de DSK « fait son chemin ». Pour battre Nicolas Sarkozy en 2012, explique-t-il, « il y a deux favoris : Dominique Strauss-Kahn et Martine Aubry, qui ont tous deux des qualités complémentaires. » Occupé à sa tâche au FMI, DSK fait mine de ne pas s’intéresser aux sondages qui le donnent favori.

10 février 2011. Anne Sinclair lâche une petite bombe dans l’hebdomadaire le Point au sujet des intentions de son mari pour l’après FMI : « J'ai lu dans plusieurs journaux français que la réélection de Dominique serait assurée à la tête du FMI », constate-t-elle avant d’ajouter : « Pour ce qui me concerne, je ne souhaite pas qu'il fasse un second mandat ». Dès lors les médias s’enflamment en conjectures pour voir dans cette confidence le signe d’un retour prochain à Paris pour préparer la candidature de DSK aux primaires du PS.

14 mai 2011. Nafissatou Diallo, 32 ans, porte plainte contre Dominique Strauss-Kahn dans un commissariat de Manhattan. Elle accuse le patron du Fonds monétaire international d'agression sexuelle dans sa suite du Sofitel de New York. Sur le point de décoller pour se rendre à Paris, DSK est arrêté, menotté, et placé en garde à vue. Sa demande de libération sous caution est refusée par le juge qui craint qu’il n’échappe à la justice en fuyant les Etats-Unis. Il est incarcéré à la prison de Rikers Island d’où il envoie sa lettre de démission au FMI, puis est assigné à résidence pour toute la durée de « l’Affaire », un « DSK Gate » qui déchaîne les passions des deux côtés de l’Atlantique.

5 Juillet 2011. Un autre brasier s’ouvre en France pour DSK. Tristane Banon, une jeune romancière journaliste, l’accuse de tentative de viol, les faits se seraient produits lors d’une interview à Paris en 2003. La jeune femme fait le tour des plateaux de télévision, et promet de collaborer si elle le peut avec la police de New York, voire de témoigner lors d’un éventuel procès contre l’ancien patron du FMI. Sa plainte sera finalement classée sans suite quelques mois plus tard, le Parquet affirme manquer de preuves mais indique que « des faits pouvant être qualifiés d’agression sexuelle sont quant à eux reconnus ». Mais « commis en 2003 et n’ayant été révélés qu’en 2011 », ces faits sont prescris et « ne peuvent être poursuivis ».

23 août 2011. La procédure pénale est abandonnée contre DSK, le procureur prononce un non-lieu suite aux mensonges constatés dans les dépositions de la plaignante. DSK et Anne Sinclair, soudés comme au premier jour, rentrent en France et s’installent à Paris pour tenter de reprendre une vie « normale ». Mais la femme de chambre annonce son intention de porter plainte au civil pour agression « sadique et violente », pour laquelle elle exige des dommages et intérêts.

18 septembre 2011. Invité de Claire Chazal sur TF1, DSK explique de façon sibylline ce qu’il s’est passé dans la suite 2806 de l’hôtel Sofitel. Il reconnaît une relation « inappropriée », mais sans violence ni contrainte. Sa prestation n’est pas jugée convaincante par l’opinion et les médias.

14 octobre 2011. Dans cette chute vertigineuse, une autre affaire rattrape DSK. Son nom apparaît dans une enquête en cours depuis mars 2011 à Lille (nord de la France) sur un réseau de proxénétisme impliquant des notables locaux, des employés de l’hôtel Carlton, des policiers, un proxénète belge et des proches du PS. On soupçonne DSK d’avoir participé, voire commandité des parties fines avec des prostituées à Lille, Paris et Washington.

8 décembre 2011. Un journaliste américain, Edward Epstein clame depuis novembre que des éléments troublants laissent croire que DSK a été piégé. La vidéo de surveillance de l’hôtel Sofitel est diffusée sur Internet et des interprétations circulent sur le comportement des employés. Mais aucune preuve n'est jamais apportée.

26 mars 2012. DSK est mis en examen à Lille pour « proxénétisme aggravé en bande organisée » et placé sous contrôle judiciaire. Il risque 20 ans de réclusion criminelle et 3 millions d'euros d'amende. L’ex-ministre socialiste, qui se fait de plus en plus discret et qui ne s’est pas impliqué dans la campagne présidentielle, prend la parole dans l’entre-deux tours. Il accuse ses adversaires politiques de s'être servis de l'affaire du Sofitel pour faire échouer sa candidature à l'élection.

1er mai 2012. Le tribunal du Bronx chargé d’étudier la recevabilité de la plainte au civil de N. Diallo rejette l’argument de l’immunité absolue avancé par les avocats de DSK. La voie s’ouvre donc aux préparatifs d'un procès civil d’ici 15 mois, si un accord financier, toujours possible, n'intervient pas d'ici là. À la Cour suprême du Bronx, environ 90% des procédures civiles se terminent ainsi, mais jusqu'à présent, les avocats de Mme Diallo et ceux de Strauss-Kahn ont refusé de l'envisager.

4 mai 2012. Suite à des témoignages de prostituées, le parquet de Lille étudie des faits présumés de viol en réunion qui auraient été commis lors d'une soirée à Washington à laquelle participait DSK.

Crédit photo : AFP/Archives

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