Mosquée gay-friendly près de Paris : une ouverture controversée

Publié le Lundi 03 Décembre 2012
Mosquée gay-friendly près de Paris : une ouverture controversée
Mosquée gay-friendly près de Paris : une ouverture controversée
Ludovic-Mohamed-Zahed est un précurseur en France : il vient d'ouvrir la première mosquée gay-friendly et féministe en banlieue parisienne. Fort de son expérience à la tête de l'association Homosexuels musulmans de France, il prône un islam modéré et progressiste où tous les fidèles peuvent se rassembler pour échanger et prier. Les institutions musulmanes de France ne soutiennent pas le projet.
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« C'est une mosquée radicalement inclusive, où les gens peuvent venir comme ils sont » : les propos sont signés Ludovic-Mohamed Zahed, un Franco-Algérien de 35 ans, doctorant en anthropologie et psychologie. Il vient de créer vendredi 30 novembre à Paris la première mosquée gay-friendly et féministe de France et d’Europe. Un moine bouddhiste zen, prénommé Federico Joko Procopi, prête le dojo qui lui sert de lieu de culte à Vincennes pour ce nouveau lieu de rassemblement religieux.

Ludovic-Mohamed Zahed, fondateur de Homosexuels musulmans de France en 2010, qui revendique 26 membres, prie chaque vendredi à la Grande Mosquée de Paris où il apprécie les prêches « jamais politiques » et l’anonymat même si les hommes efféminés sont « repérés tout de suite » et stigmatisés. Pour éviter ces désagréments et exercer son culte sereinement, le trentenaire prend exemple sur des mosquées « inclusives » qui existent déjà aux États-Unis, au Canada ou encore en Afrique du Sud : « Ils veulent réformer, promouvoir un islam alternatif, incluant des valeurs progressistes. Mais leur but n'est pas de s'en tenir à la seule défense d'une minorité dans le cadre d'une interprétation de l'islam qu'ils jugent obsolète à partir de leur expérience discriminée », décrypte Florence Bergeaud-Blackler, chercheur à l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman.

Pas de soutien des musulmans de France

« Il y a des musulmans homosexuels, ça existe, mais ouvrir une mosquée, c'est une aberration, parce que la religion, ce n'est pas ça », juge Abdallah Zekri, président de l'Observatoire des actes islamophobes au Conseil français du culte musulman (CFCM). Un avis partagé par Dalil Boubakeur, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, qui considère cette action comme « extracommunautaire » : « Nous ne culpabilisons pas les homosexuels, mais nous ne pouvons pas donner une place à cette pratique au point qu'elle devienne un aspect de la société ». Florence Bergeaud-Blackler, pour sa part, estime que « s’ils sont encore ultra-minoritaires, ils réfléchissent à partir de bases théologiques solides ».

Crédit photo : homosexuels-musulmans.org

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