Suicides en prison : le rapport accablant de l'OIP

Publié le Mercredi 07 Décembre 2011
L'Observatoire international des prisons (OIP) a constaté dans un rapport publié aujourd'hui, une recrudescence du nombre de suicides dans les prisons françaises depuis le début de l'année 2011. Et ce malgré la réforme pénitentiaire de 2009 et les efforts de prévention qui ont été fournis.
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12% de suicides en plus dans les prisons françaises sur les huit premiers mois de 2011. C’est le triste bilan que vient de dresser l’Observatoire international des prisons (OIP) dans son rapport publié aujourd’hui concernant « les conditions de détention en France ». En effet, selon des chiffres de la Direction de l’administration pénitentiaire (DAP) cités dans le rapport, 82 prisonniers se sont suicidés alors qu’ils n’étaient « que » 73 l’an passé. Cette hausse est également constatée sur les dix premiers mois de 2011 où 97 détenus ont mis fin à leurs jours contre 90 un an plus tôt.

Ces chiffres inquiètent donc l’OIP car ils révèlent que malgré les politiques de prévention mises en place en 2004 et 2009 qui n’ont pas apporté « d’avancée majeure », le taux de mortalité par suicide est resté « dramatiquement identique » entre 2003 et 2010. Ce dernier est d’ailleurs d’environ 14 suicides pour 10 000 détenus. L’OIP déplore alors le fait que plutôt que d’essayer de « restaurer la personne dans la dimension d’acteur de sa vie », l’administration pénitentiaire se contente d’expliquer ce nombre de suicides en se focalisant sur les « facteurs individuels et familiaux ». Selon l’association de défense des droits de l’Homme, cela revient à « relativiser l’impact des facteurs judiciaires et pénitentiaires » que sont la « surpopulation carcérale » et le « déficit de communication et la déliquescence du lien social ». Dans son rapport, l’OIP a également pointé du doigt l’insalubrité des prisons françaises où le taux de tuberculose est par exemple dix fois plus élevé qu’à l’extérieur. Il regrette également que le quartier disciplinaire, le « mitard », existe toujours.

À noter que selon une enquête de l’Institut national d’études démographiques (Ined), les hommes incarcérés se suicident six fois plus que les hommes libres âgés de 15 à 59 ans.

Alexandre Roux

Avec AFP
Crédit photo : AFP/Archives

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