"Slow Sex" ou "quick sex" : quel timing pour plus de plaisir ?

Publié le Jeudi 04 Avril 2013
"Slow Sex" ou "quick sex" : quel timing pour plus de plaisir ?
"Slow Sex" ou "quick sex" : quel timing pour plus de plaisir ?
Dans ce qui touche à la sexualité comme ailleurs, la relation au temps divise. Il y a les adeptes du « quick sex » (censément masculin) et les inconditionnels du « slow sex » (apparemment plus féminin). Ce qu'il en est vraiment, avec notre experte sexo Sophie Bramly.
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D'un côté se développe le « quick sex », où, puisque les études montrent que la plupart des gens ont des rapports sexuels dont la durée est inférieure à 15 minutes, on encourage à partir du principe que ça va vite, et qu'en jouant sur cet effet de vitesse, il peut y avoir une excitation supplémentaire dans cette forme de douce transgression qu'il y a à faire l'amour entre deux portes. Une façon de faire l'amour que l'on pourrait qualifier de masculine, si l'on considère que les hommes fabriquent 1 500 spermatozoïdes par seconde, alors que les femmes n'ont que 400 follicules ovariens dans toute une vie, et que cela crée ce que l'anthropologue Françoise Héritier appelle une « asymétrie biologique de la reproduction », qui depuis la nuit des temps ont poussé les uns à multiplier rapports et partenaires afin d'assurer leur descendance et les autres à être dans une sélection minutieuse pour le bien de leur progéniture. Les temps changent, mais les habitudes ont la peau dure : les héros dans notre culture sont toujours des Don Juan, cumulant les aventures, ils sont le repère de la virilité.

Si par ailleurs on observe les films pornographiques, réalisés pour l'essentiel par des hommes, on note que les partenaires sont toujours multiples, les scènes de sexe sont plutôt rapide, sur le rythme de leurs orgasmes (entre 3 et 7 minutes en moyenne, d'après les nombreuses études).

De l'autre côté, on parle de plus en plus de « slow sex », dont on dit qu'il plait aux femmes, ou que d'essence il est féminin. On véhicule souvent l'idée que les femmes aiment les « préliminaires » et les magazines masculins regorgent de conseils pour séduire les femmes au lit, qui tournent autour des différentes méthodes pour faire durer plus longtemps ces moments, d'autant qu'après avoir joui, la période réfractaire pour les hommes est plus longue que pour les femmes. On prête aux femmes une plus grande sensibilité à la lecture érotique – laquelle lorsqu'elle est écrite par des femmes comprend souvent moins de partenaires - qu'à la pornographie, et la lecture demande plus de temps et fait monter plus progressivement le désir.

Aux États-Unis, le « slow sex » se développe à coup de méthodes et de coaching, comme une valeur strictement féminine, mais améliorant aussi les orgasmes masculins. Des sexologues estiment que les femmes auraient besoin de dix à vingt minutes pour être excitées, et que, si la relation dure au sein d'un couple, les phéromones qui ont aidé au début de la relation n'étant plus là, les relations à la va-vite fonctionnent moins bien, d'où ce besoin nouveau de « slow sex », pour que l'un et l'autre prennent le temps de se retrouver.

Que ces deux attitudes soient genrées ou non, la plupart des hommes ont la hantise de ne pas être assez performants ou, pire, d'être des éjaculateurs précoces et beaucoup de femmes craignent d'être trop lentes à jouir pour leur partenaire. Pourtant, plus le couple est capable de retarder le moment de l'orgasme, de jouer à le repousser le plus possible, plus celui-ci va être puissant. Ce que défend depuis des siècles la philosophie tantrique, avec des précisions qui devraient faire mouche : le sexe rapide sert, selon celle-ci, à procurer un soulagement, une relaxation, rien de plus.

Poussant jusqu'au sophisme, on pourrait dire que si le « slow sex » est genré, c'est alors que les femmes savent depuis la nuit des temps ce qui est bon pour elles et que les hommes afficheraient un brin de masochisme à se débarrasser si vite d'un plaisir qui plus il dure plus il devient intense et bienfaiteur. Honneurs aux femmes, donc.