Observatoire Orange-TF : 3 questions à C. Morin-Desailly

Publié le Jeudi 07 Octobre 2010
Observatoire Orange-TF : 3 questions à C. Morin-Desailly
Observatoire Orange-TF : 3 questions à C. Morin-Desailly
L'observatoire Orange-Terrafemina montre qu'Internet ne fait peur ni aux parents ni aux enseignants. Ils souhaiteraient même accélérer la formation et l'équipement des écoles en outils numériques. Ancienne professeur d'anglais et sénatrice de Seine-Maritime, Catherine Morin-Desailly réagit aux résultats de notre grande enquête.
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Professeur d'anglais de formation, Catherine Morin-Desailly est sénatrice de Seine-Maritime depuis 2004. Au Sénat elle fait partie de la commission de la Culture, de l'Education et de la Communication et préside le groupe d'études Nouvelles technologies, Médias et Société. Depuis mars 2010 elle siège également en tant que conseillère régionale de Haute-Normandie.

Terrafemina : Notre observatoire sur l'éducation et le numérique révèle que 60% des parents d'élèves estiment que l'école n'utilise pas assez les outils numériques, tandis que, de leur côté, les enseignants se sentent souvent démunis face à ces nouveaux supports. L'école française peine-t-elle à prendre le virage du numérique ?


Catherine Morin-Desailly : La révolution est en marche. Les outils numériques ont déjà largement investi l'école, même s'il existe de grandes disparités sur le territoire. Pour les professeurs qui ont intégré les nouvelles technologies, le succès est total. Mais la plupart se sont auto-formés, pour les autres cela dépend souvent de leur volonté et des initiatives de l'établissement. L'Education Nationale prend en compte cette nécessité depuis peu pour les nouveaux professeurs qui ne pourront pas s'en passer. Dans le cadre de la proposition de loi sur le droit à l'oubli numérique nous avons proposé que chaque établissement désigne un référent pour l'informatique, un professeur compétent qui formerait et accompagnerait ses collègues à l'utilisation des nouvelles technologies en cours. Il faudrait également proposer une formation continue aux professeurs dans ce domaine.

TF : Selon notre sondage, 73% des parents estiment que le développement d'Internet et des médias numériques dans le domaine de l'information, des jeux et des réseaux sociaux comporte plus d'avantages que d'inconvénients. Cela peut paraître étonnant au vu des nombreuses polémiques sur Facebook et son utilisation par les jeunes. Qu'en pensez-vous ?


C. M.-S. : L'école doit en effet sensibiliser les jeunes à la richesse mais aussi aux dangers d'Internet : leur apprendre à consulter les bons sites, à ne pas divulguer leur image, à faire preuve de civisme. Nous savons que les 12-17 ans passent en moyenne 800 heures par an à l'école, et 1500 heures devant un écran, les parents ont donc également un grand rôle à jouer. Le professeur, dans ce contexte, devient plus que jamais indispensable pour développer l'esprit critique des jeunes, ce dont est incapable la machine. L'enseignant se trouvera de moins en moins " face " à l'élève, mais plutôt " à côté " de lui.

TF : Vous avez observé en 2009 la mise en oeuvre du plan " école numérique rurale "- une dotation de l'éducation nationale à des établissements situés dans des petites communes, en matériel, logiciels, services et ressources numériques- dans votre région, la Haute-Normandie. Cette initiative a-t-elle porté ses fruits ?


C. M.-S. : J'ai en effet rencontré des classes de CM1 et CM2 équipées d'un tableau numérique interactif (TNI). J'ai été frappée par cet écran qu'il suffit de toucher pour agrandir une image, où l'on peut visiter Paris, les musées et les monuments en direct. Cela rend les cours attractifs et vivants, et correspond à ce que les élèves voient chez eux. Il est important que l'école ne soit pas en décalage avec la société. Pour les établissements éloignés des grandes villes cela constitue une ouverture formidable.

Propos recueillis par Marine Deffrennes.

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