Seins nus à Montréal, une journaliste ne suscite que l’indifférence

Publié le Jeudi 18 Septembre 2014
Seins nus à Montréal, une journaliste ne suscite que l’indifférence
Seins nus à Montréal, une journaliste ne suscite que l’indifférence
C'est une expérience originale à laquelle s'est soumise une journaliste canadienne. Accompagnée d'un photographe, la jeune femme s'est promené seins nus en plein centre de Montréal. Et alors qu'elle s'attendait à créer l'agitation, à être importunée ou au moins critiquée, elle n'a suscité que l'indifférence des passants.
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Si vous étiez à Montréal l'été dernier, vous auriez pu tomber nez à nez avec une jeune femme déambulant seins nus le long de la rue Sainte-Catherine, une rue commerçante du centre-ville. Cette expérience originale et étonnante, Lili Boisvert, journaliste pour Radio Canada se l'est imposée elle-même. « Je ne suis pas une Femen, je ne suis pas une mère qui allaite et je ne suis pas non plus une fillette de trois ans à la piscine. Je suis journaliste. Et à ce titre, j'ai décidé de documenter ce qui se produit, concrètement, quand une femme se promène torse nu l'été », explique-t-elle dans un article publié sur la version québécoise du Huffington Post.

Seins nus à Montréal bis

« Personne ne m'a agressée sexuellement, personne ne m'a insultée »

Loin de vouloir faire de ses seins un support de protestation, la jeune femme a seulement cherché à les désexualiser et à se mettre à l'égal des hommes. Ces derniers peuvent en effet se balader torse nu où bon leur semble, sans que personne n'y voit à redire. À l'inverse, la vue d'un téton féminin en public est aussitôt condamnée, la poitrine dénudée étant considérée comme indécente dans la majorité des sociétés occidentales.

Seins nus à Montréal


Pourtant, à Montréal, ce spectacle n'a suscité aucune réaction. « Personne ne m'a agressée sexuellement, personne ne m'a insultée, personne ne s'est mis à se masturber en public en me voyant, personne ne m'a regardé avec mépris », raconte celle qui tient également le blog sexo Originel pour Ici Radio Canada. En revanche, se remémore-t-elle : « des gens m'ont souri, beaucoup de gens m'ont ignorée, quelques personnes se sont retournées sur mon passage, deux jeunes femmes m'ont demandé des indications vers un magasin ». Une indifférence qui peut s'expliquer par le fait que dans certaines provinces du Canada, en Ontario et en Colombie-Britannique notamment, la loi autorise les femmes à se promener seins nus.

>> Écouter le témoignage de Lili Boisvert sur Radio Canada <<

Le topless autorisé en ville depuis 1992 à New York

Mais cette expérience n'est pas sans rappeler l'initiative du Outdoor Co-ed Topless Pulp Fiction Appreciation Society, un club de lecture féministe new-yorkais qui encourage les femmes à profiter de leur droit au topless. Régulièrement, les membres de ce mouvement se retrouvent dans un parc de la Big Apple puis tombent le haut avant de plonger dans leur roman. Et pour cause, à New York, les femmes peuvent se promener seins nus depuis 1992. Une loi réaffirmée récemment, en février 2013, quand les forces de police ont reçu l'ordre de ne plus verbaliser les femmes qui montraient leurs seins dans les lieux publics. Et si celles qui se baladent ainsi s'exposent malgré tout à des critiques, Alethea Andrews, l'une des fondatrices du club de lecture, milite pour que la législation entre une fois pour toute dans les mœurs, au nom de l'égalité des sexes. « On profite juste de notre droit légal et du temps qui s'offre à nous. Si on provoque, c'est uniquement parce que des gens, dans notre société, ont des façons de penser d'une autre époque et des notions sexistes du corps féminin », a-t-elle estimé dans une interview à Streepress.com.