"En vrai, tu veux dire oui" : la campagne qui ridiculise les agresseurs sexuels

Publié le Lundi 02 Octobre 2017
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
"En vrai, tu veux dire oui" : la vidéo qui ridiculise les méthodes des agresseurs sexuels
"En vrai, tu veux dire oui" : la vidéo qui ridiculise les méthodes des agresseurs sexuels
Pour lutter contre les violences sexuelles, l'association américaine "It's on Us" a pris le parti de l'humour en diffusant trois vidéos qui tournent en ridicule les arguments des agresseurs. Une démarche salvatrice qui prouve que la notion de consentement est essentielle.
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Qui aurait cru que le sujet aussi délicat que celui des violences sexuelles pourrait donner matière à rire ? C'est pourtant le pari, osé, de la campagne américaine "It's On Us". Plutôt que de miser sur la sobriété, l'association créée en 2014 par Barack Obama contre les violences sexuelles sur les campus universitaires a pris le parti de faire rire des agressions sexistes et sexuelles.

Et ça fonctionne. Car ici, ce n'est pas des victimes que l'on se moque. Ce sont les arguments idiots généralement utilisés par les agresseurs qui sont tournés en ridicule dans une série de trois vidéos.

Dans la première, on voit une femme qui ne peut résister à l'envie de manger un gâteau de mariage. Le tout sous les yeux ébahis du chef pâtissier, qui vient certainement de passer des heures à peaufiner son glaçage. "Oh allez, tu savais ce que tu faisais, c'est toi qui en as fait un objet de désir [...] tu m'as presque supplié de le goûter", se justifie-t-elle.

La second vidéo est encore plus évocatrice. Là encore, elle met en scène une femme, cette fois-ci dans une quincaillerie. Prise d'une envie pressante, elle se précipite sur un modèle d'exposition de WC et quand le gérant la menace d'appeler la police, elle lui rétorque : "Mec, c'est quoi ton problème ? Je viens ici avec une envie biologique alors ne vous attendez pas à ce que je me contrôle. Vous avez tout exposé en évidence, vous étiez très fier de montrer ce que vous avez et vous êtes choqué quand je viens ici pour laisser la nature suivre son cours ? Sérieusement ?"

Dans la troisième vidéo, enfin, on retrouve deux jeunes femmes dans un musée, et qui se permettent de toucher une oeuvre d'art. Quand le gardien leur interdit de la toucher, elles rient et lui disent qu'il est "trop drôle".

Évidemment, ces situations sont grotesques. C'est le but. Elles ne font qu'adapter à d'autres situations les arguments qu'utilisent les agresseurs sexuels pour justifier leurs actes.

"En prenant ces situations à la légère, ces vidéos montrent que le consentement est crucial et relève du bon sens", explique à Bustle le directeur du programme It's On Us Elvin Bruno Jr.

Réalisées par le collectif publicitaire 101-North Marketing, les vidéos de It's On Us ont été dévoilées à l'occasion du 23e anniversaire de la signature du Violence Against Women Act, la loi sur les violences faites aux femmes.

Elles résonnent aussi tristement avec l'actualité puisque la secrétaire américaine à l'Éducation Betsy DeVos a suspendu temporairement la loi mise en place sous Obama sur la notion de consentement sur les campus américains. Désormais, les universités américaines pourront exiger de la part de la victime d'agression sexuelle qu'elle fournisse une plus grande quantité de preuves pour déterminer la culpabilité d'un étudiant.

Dans une étude réalisée en 2015, 20% des étudiantes interrogées dans 27 universités américaines déclaraient avoir subi une agression sexuelle sur leur campus.