Pourquoi on devrait se mettre à l'auto-câlinage (et comment s'y prendre)

Publié le Jeudi 03 Décembre 2020
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Pourquoi on devrait se mettre à l'auto-câlinage
Pourquoi on devrait se mettre à l'auto-câlinage
L'époque appelle à prendre davantage soin de soi, à se cajoler, à s'écouter. La dernière pratique en date pour se faire du bien ? L'auto-câlinage, ou le fait de se serrer dans ses propres bras. Etrange ? Réconfortant et efficace, plutôt.
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Les temps sont durs. Psychologiquement, on prend un sacré coup. La pandémie de Covid, l'incertitude générale face à l'avenir et le climat anxiogène qui règnent - plus la morosité ambiante de la saison qui n'a rien à voir avec l'actualité - nous filent le cafard. Un sentiment pas franchement agréable, disons-le, qui a pourtant l'air bien parti pour s'installer. Joie.

D'habitude, pour résoudre nos petites déprimes passagères, on retrouve nos proches. On les serre dans nos bras, on échange autour d'une boisson quelconque, on se remonte le moral à plusieurs. Le contact humain fait du bien, c'est certain - et c'est surtout prouvé. Sauf qu'aujourd'hui, difficile de se toucher. Le lien social se fait davantage par écrans interposés qu'en face-à-face. On a beau innover et s'adapter pour la bonne cause, continuer de livrer ce qu'on a sur le coeur via WhatsApp et autres conversations groupées affectueuses, on a besoin de plus. De caresses, de bisous, de câlins, précisément.

Mais comment faire quand on est isolé·e solo, ou que notre co-confiné·e ne semble pas enclin·e à satisfaire notre faim de peau ? La réponse serait simple : se rappeler qu'on n'est jamais mieux servi·e que par soi-même, et succomber à une technique qui commence à fédérer, celle de l'auto-câlinage. Une pratique qui consiste, comme son nom l'indique, à se prendre dans ses propres bras pour s'apaiser, se réconforter, voire s'endormir. Intriguant, et apparemment salvateur. Explications.

Les bienfaits de l'auto-câlinage

L'auto-câlinage - ou "self-hugging" en anglais - se rapproche de la méditation en pleine conscience. Traduction : quand on se serre, on se concentre sur chacun de nos mouvements, sur nos mains qui embrassent - littéralement - notre dos, sur notre menton qui se love contre notre épaule, sur nos genoux qui se replient à notre poitrine si on préfère s'atteler à cette nouvelle discipline allongé·e. Le but : faire le vide, et se reconnecter à soi.

D'après la docteure Kristin Neff, autrice du livre Self-Compassion et experte en la matière, si l'on y met une intention d'amour, cet acte physique est susceptible d'activer le système nerveux parasympathique, aussi connu comme le mode "repos et digestion", qui libère l'ocytocine et les opiacés naturels dans la circulation sanguine. Un moment où l'on se sent calme, choyé·e et en sécurité, assure-t-elle au magazine Greatist. Non pas grâce à son esprit mais à son corps. Un rendez-vous privilégié avec soi-même, qui fait un bien fou à notre santé mentale.

Mais ce n'est pas tout : l'auto-câlinage permettrait aussi d'atténuer certaines douleurs. Grâce à l'ocytocine, une fois encore, qui, lorsqu'elle est relâchée suite à un toucher apaisant, pourrait soulager nos maux physiques. C'est en tout cas ce qu'une étude américaine publiée dans le très sérieux PubMed Central en 2015 avance.

Autres bienfaits non négligeables : la baisse des niveaux de cortisol, l'hormone responsable du stress, ce qui aide ainsi à améliorer notre humeur de chien, mais aussi à mieux dormir. "Se sentir en sécurité et détendu·e avant de se coucher est l'élément fondamental d'une bonne nuit de sommeil, et se serrer dans ses bras pendant au moins une minute est l'astuce pour y parvenir", décrypte à Metro UK la Dre Nerina Ramlakhan, physiologiste et thérapeute du sommeil.

Clairement, on en veut.

Concrètement, on fait comment ?

Plusieurs techniques sont bonnes à prendre. Nerina Ramlakhan évoque celle-ci, à appliquer sur un lit : "Il suffit de placer votre main droite sous votre aisselle gauche et de placer votre bras gauche sur votre bras droit, la main gauche reposant doucement mais fermement sur votre épaule droite. Concentrez-vous sur une respiration profonde, détendez-vous et vous serez endormi dans la minute qui suit".

Ce qui s'apparente à une partie de Twister est en réalité un rituel imparable pour tomber dans les bras de Morphée sans tergiverser pendant des heures, ni repenser à tous les moments gênants de l'année de nos quinze ans. Assez nombreux pour écrire une encyclopédie en dix tomes.

En revanche, si on veut rester éveiller et seulement profiter d'un peu de chaleur personnelle, on peut procéder autrement. Le magazine Healthline donne des consignes détaillées, à adapter selon notre environnement et nos envies le moment venu.

On nous recommande donc de commencer par enrouler nos bras autour de notre corps, en adoptant une position naturelle et confortable. Par exemple en les pliant en travers du ventre, juste sous la poitrine, ou alors en les glissant autour des épaules. Ensuite, on se focalise sur la pression de l'étreinte : est-on plutôt d'humeur auto-câlinage fort et intense, ou doux et apaisant ? Autant de questions auxquelles on n'aurait jamais cru devoir répondre un jour, mais tout arrive.

Et puis, on serre jusqu'à trouver la bonne sensation, le tout pendant autant de temps que souhaité. Ça peut durer dix secondes, une minute, dix, voire douze heures si on finit par sombrer et se réveiller le lendemain, filet de bave au coin des lèvres et sentiment de satisfaction rarement atteint auparavant.

L'important, c'est de passer un moment à se sentir, à se chérir. Pour aller bien. Surtout, pour aller mieux. Et aussi pour se rendre compte que, si prendre soin de soi ne demande pas beaucoup d'effort, le réflexe fait une vraie différence. Alors, on s'y attèle sans modération.