Ces cours de "sport-minceur" pour jeunes filles suisses ne font pas l'unanimité

Publié le Jeudi 17 Août 2017
Léa Drouelle
Par Léa Drouelle Journaliste
Ces cours de "sport-minceur" pour jeunes filles suisses ne font pas l'unanimité.
Ces cours de "sport-minceur" pour jeunes filles suisses ne font pas l'unanimité.
Le canton de Genève propose un programme de remise en forme ouvert uniquement aux jeunes adolescentes en surpoids. Des parents dénoncent un intitulé maladroit et une discrimination envers les jeunes garçons. Ces derniers n'ont en effet pas le droit d'assister à ces cours.
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Des cours d'aérobic pour les jeunes filles...interdits aux garçons. Annoncées pour la rentrée , ces activités extra-scolaires seront proposées tous les mercredis après-midis par le canton de Genève, uniquement pour les jeunes suisses âgées en surpoids de 12 à 16 ans, rapporte le quotidien Le Temps.

L'intitulé du cours est précis. Et il n'a pas manqué de faire bondir certains parents à la lecture de la brochure de présentation. En effet, dans la description, on peut lire que ces cours sont destinés à "améliorer le potentiel physique" ou encore à "diminuer la masse grasse". Des propos violents pour des jeunes filles, surtout quand on connaît l'omniprésence du culte du corps dans nos sociétés actuelles. "Pour le public, ce nom renvoie probablement à l'image du mannequin. Le terme n'est pas adéquat, mais la question du vocabulaire est compliquée dans ces situations", considère Maude Bessat, diététicienne au programme Contrepoids des HUG.

"L'objectif n'est pas de rendre les filles minces mais de leur faire prendre conscience que, malgré leur poids, elles peuvent s'adonner facilement à un sport, y prendre du plaisir et par la même occasion perdre éventuellement quelques kilos", se défend de son côté Pierre-Antoine Preti, responsable communication au Département de l'instruction publique, contacté par le quotidien suisse.

"Les filles en surpoids ont besoin de se sentir protégées des regards des garçons"

Si le programme, qui existe depuis une dizaine d'années, n'avait jusqu'ici pas fait l'objet de commentaire (à l'exception d'un tweet posté en 2016), certains parents s'indignent également du fait que ces cours excluent la présence de jeunes garçons. "Les filles en surpoids qui s'inscrivent à ce cours ont besoin de se sentir protégées des regards masculins pour pouvoir s'épanouir dans leurs mouvements et participer sans crainte des jugements", argumente Pierre-Antoine Preti.

Les professionnels du monde de l'enseignement se montrent plus mitigés. S'ils ne condamnent pas l'initiative, ils soulignent en revanche sa maladresse : "C'est problématique que les cours s'adressent uniquement aux filles. La seule éventuelle justification serait la volonté de ne pas mélanger les sexes, mais est-ce le bon choix?", questionne Salima Moyard, présidente de la Fédération des associations de maîtres du Cycle. D'autant plus que, selon une enquête dévoilée en 2012 sur le surpoids et l'obésité en Suisse, plus de 30% des hommes de 15 à 34 ans sont en surpoids dans le pays, contre moins de 20% pour les femmes.

De son côté, le canton de Genève rejette toute forme de discrimination en expliquant que si de tels cours n'existent pas pour les garçons, c'est tout simplement parce que ce type de formule ne "fonctionne pas". Ce dernier reconnaît tout de même que le mot "minceur" est mal choisi et envisage de revoir le titre de son programme : "Au vu de l'évolution des moeurs, nous réfléchissons à renommer ce cours pour ôter l'utilisation du mot minceur tout en le gardant attractif pour notre public", a indiqué Pierre-Antoine Preti.

Comment aider votre enfant en surpoids ?

Si vous élevez un enfant (fille ou garçon) qui présente un excédent de poids, il convient de se montrer extrêmement prudente dans votre manière d'aborder le sujet avec lui. Encouragez-le à faire du sport bien sûr, mais en veillant bien à lui expliquer que ce n'est pas uniquement pour qu'il devienne plus mince. Pensez aussi à surveiller son régime alimentaire et remplacez progressivement ses habitudes, sans le frustrer. N'hésitez pas à consulter un nutritionniste si besoin. Et surtout, surtout, ne dites jamais quelque chose de négatif à votre enfant à propos de son corps.