L'académie des César veut écarter toute personne "accusée de faits de violence"

Publié le Mardi 03 Janvier 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
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L'académie des César veut écarter toute personne "accusée de faits de violence"
Mettre en retrait toute personne "accusée de faits de violence" ? C'est ce que souhaite faire l'Académie des César, suite à "l'affaire Sofiane Bennacer".
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La prochaine cérémonie des César aura lieu le 24 février 2022. Et elle devrait différer des précédentes. Pourquoi ? Car l'Académie a décidé d'écarter toute personne "accusée de faits de violence". Une réaction à "l'affaire Sofiane Bennacer". En octobre dernier, l'acteur du film Les Amandiers avait été mis en examen pour viols et violences sur plusieurs ex-compagnes par une juge d'instruction de Mulhouse. Le journal Libération avait publié le témoignage de plusieurs jeunes femmes accusant le comédien de les avoir menacées et agressées.

Une mise en examen et des enquêtes qui ont finalement fait réagir l'Académie, qui s'est exprimée l'espace d'un communiqué officiel : "Par respect pour les victimes, il a été décidé de ne pas mettre en lumière des personnes qui seraient mises en cause par la justice pour des faits de violence. Cette mise en retrait exclura également toute prise de parole 'au nom de cette personne' lors de ces mêmes événements", peut-on y lire.

Un vent de changement ?

Autre spécificité, l'Académie à travers cette déclaration affirme également que cette mise à l'écart concerne aussi bien les artistes mis en examen que les condamnations non définitives. Le 23 novembre, l'Académie, qui avait sélectionné Sofiane Bennacer parmi les pré-nommés des Révélations masculines, avait déjà indiqué avoir retiré l'acteur de sa liste suite aux articles du "Parisien", révélant la mise en examen du jeune comédien.

L'Académie des César prendrait-elle en compte la révolution #MeToo ? La question perdure ces dernières années. En 2020, Roman Polanski s'était vu couronné par le César de la meilleure réalisation, pour J'accuse, objet de pas moins de douze nominations lots de ladite cérémonie, ce qui avait notamment engendré une protestation de l'actrice Adèle Haenel. Aujourd'hui cependant, l'Académie annonce se pencher davantage sur "l'ampleur et la complexité de ces questions, d'un point de vue moral et juridique".

Pourtant, à en lire ce communiqué, un paradoxe perdure : un César pourrait tout de même être remis à la personne concernée, qui ne pourra pas assister à la cérémonie, et ne sera simplement pas "mise en lumière". La phrase "...si un César devait lui être attribué à l'issue du second tour de vote" appuie cette contradiction. Un fait souligné sur les réseaux sociaux, certains journalistes considérant cela comme "hallucinant".