De quoi bouleverser le monde des séries télé ?
C'est une heureuse nouvelle que nous apprend la presse américaine cette semaine : alors que les chiffres de streaming des plateformes sont au zénith (le retour de Mercredi a dû aider), on a jamais connu autant... De femmes showrunneuses. C'est à dire, de femmes à la tête des séries télé - et plus précisément, de leur création, et de leur écriture.
Il est vrai que si l'on réfléchit aux grands noms qui reviennent, concernant la conception des shows les plus réputés ces deux voire trois dernières décennies, on pense volontiers aux deux David, Chase (Les Sopranos) et Simon (The Wire), à Vince Gilligan (Breaking Bad), à Matthew Weiner (Mad Men), Damon Lindelof (Lost, The Leftovers), Marc Cherry (Desperate Housewives), on en passe et des plus célèbres encore - un dernier pour la route : Alan Ball (Six Feet Under). Mais rarement aux créatrices féminines, et pour cause : elles sont moins nombreuses, moins visibles, moins médiatisées...
Si l'on excepte, naturellement, l'inévitable Shonda Rhimes : Grey's Anatomy, Scandal...
Et cela est en train de changer, lentement mais sûrement, au sein d'une industrie dont les plus importants postes se conjuguent au masculin. Cette année, révèle Variety, magazine qui fait la pluie et le beau temps à Hollywood, on compterait pas moins... De 36 % de femmes à la tête des séries télé que nous binge watchons avec alégresse tous les mois.
Et ce n'est pas tout...
36 %. C'est le chiffre.
36 % de femmes showrunneuses, certes c'est encore très peu, mais c'est déjà ça, faut-il croire. Alors que le monde des séries télé regorge de personnages féminins forts, et même de séries féministes, où sont les femmes ? Actuellement disponible en intégralité - et gratuitement ! - sur ARTE, la série culte Mad Men, par exemple, est l'une des critiques les plus vives du patriarcat, d'hier comme d'aujourd'hui, et valorise l'ambivalence et la complexité dans sa fresque des masculinités, comme des protagonistes féminines, hyper fortes.
Sauf qu'elle a été imaginée par un homme. Comme Desperate Housewives.
Drôle d'ironie, qui, attention, ne porte pas préjudice à la qualité d'écriture, et de caractérisation. Seulement voilà, il est rassurant que l'évolution ne s'envisage pas simplement du côté des figures de fiction... Mais s'énonce également dans la réalité de l'industrie.
"Les femmes réalisent des progrès historiques dans le streaming, puisque 36 % des créateurs de série télévisée sont des femmes", assure Variety, qui étaye : "Les femmes font des progrès historiques à Hollywood, au cours de la saison 2024-2025, et ce chiffre est un record historique pour les créatrices de télévision, en hausse par rapport à 27 % en 2023-2024".
Une différence notable qui témoigne d'une certaine évolution des mentalités.
Et la revue d'épiloguer...
"Soit une hausse de 4 % par rapport à l'année précédente. De plus, 32 % des réalisateurs travaillant sur des séries télé cette année étaient des femmes, contre 23 % en 2023-2024. Sur une certaine quantité de séries analysées dans ce rapport prenant en compte de nombreux programmes, les femmes constituaient 42 % des réalisatrices, 62 % des scénaristes et 32 % des monteuses".
Mindy Kaling, Tina Fey, Amy Poehler, Ilene Chaiken (The L Word), Michelle King (The Good Wife), Amy Sherman-Palladino (Gilmore Gils)... Les showrunneuses existes. Mais demeurent bien plus rares que leurs homologues masculins.