Des étudiantes en médecine priées de porter un "joli décolleté" pour la remise des diplômes

Publié le Lundi 29 Mai 2017
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
Des étudiantes en médecine priées de porter un "joli décolleté" pour la remise des diplômes
Des étudiantes en médecine priées de porter un "joli décolleté" pour la remise des diplômes
La semaine dernière, les étudiants en médecine de l'Université Libre de Bruxelles ont eu la surprise de recevoir un e-mail invitant les jeunes femmes à porter un "joli décolleté" et "une jupe ou une robe" à la remise des diplômes. Face à la polémique, l'université a présenté ses excuses.
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L'Université Libre de Bruxelles (ULB) aurait sûrement dû y réfléchir à deux fois avant d'envoyer son invitation pour la remise des diplômes aux étudiants en médecine. Mercredi 24 mai, cette université belge a suscité la polémique en adressant à ses étudiant.e.s en médecine une invitation pour la cérémonie de proclamation des diplômés, qui se tiendra le 28 juin prochain.

Quelle ne fut pas la surprises des futurs médecins lorsqu'au milieu des précisions sur le déroulé de la cérémonie, ils ont découvert des consignes vestimentaires adressées aux étudiantes. "D'un point de vue esthétique, il est préférable que les jeunes femmes revêtent une robe ou une jupe ainsi qu'un joli décolleté et les hommes, un costume", écrit le secrétariat de la faculté de médecine dans son mail avant de préciser : "Bien entendu, Mesdames, cette consigne n'est pas obligatoire".

Également posté sur la page Facebook des étudiants de l'université, le message a déclenché l'indignation des étudiants qui y ont vu – à juste titre – la suggestion d'un dress code sexiste et rétrograde.

Interrogé par RTL Info, le Doyen de la faculté de Médecine Marco Schetgen a confirmé que ledit mail provenait bien du secrétariat. "Ce n'est pas un canular", a-t-il expliqué. "Ils doivent me dire lundi quelle est la personne qui l'a écrit [...] C'est probablement une femme qui est à l'origine de cet écrit, puisque le secrétariat n'est composé que de femmes. C'est étonnant", a poursuivi Marco Schetgen.

Face à l'ampleur prise par la polémique, l'Université Libre de Bruxelles s'est fendue d'un communiqué pour présenter ses excuses à l'ensemble des étudiants pour ce mail "déplacé et contraire à nos valeurs". "Il s'agit d'un mail adressé aux futur.e.s diplômé.e.s et donnant des consignes pratiques pour le jour de la cérémonie. Il va de soi que les consignes liées à l'habillement des jeunes diplômées sont aussi déplacées que contraires aux valeurs défendues quotidiennement par l'ULB et sa Faculté", dit le communiqué.

"C'est un mail qui date de la semaine passée (lundi ou mardi), a expliqué pour sa part à RTBF le porte-parole des étudiants de médecine. Je pense qu'il a été rédigé pour répondre à une demande des étudiantes qui était de savoir quelle était la tenue la plus appropriée à porter le jour de la proclamation des résultats. C'est une réponse qui a été rédigée peut-être un peu trop rapidement, sans prendre le soin d'une formulation moins directe, moins sèche. Raison pour laquelle, suite à la remarque des étudiantes, une correction a été apportée très rapidement pour lever le doute sur un quelconque sexisme au niveau du secrétariat".

Une mise en lumière du sexisme dans l'enseignement supérieur

Pour autant, la polémique est loin d'être éteinte. Interrogé par Le Soir, Maxime Mori, président de la Fédération des Etudiants Francophones (FEF), déplore une "situation navrante". D'après lui, cette "petite polémique" montre bien que "les questions de sexisme et d'inégalités de genre dans l'enseignement supérieur" sont loin d'être réglées. "Il ne faut pas perdre de vue que c'est une réalité pour les étudiants en stage ou en cours qui est, aujourd'hui, occultée dans le débat [...] On n'en fait pas un débat personnel. Mais on attend qu'il y ait une prise de conscience plus large ". Selon BFMTV, une réunion devait se tenir ce lundi 29 mai à la faculté de médecine au sujet du mail polémique. Son auteure risque un rappel à l'ordre.