Drogues de synthèse : le défi européen de la décennie

L’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) a rendu aujourd’hui à Lisbonne son rapport annuel et la conclusion est sans appel : l’émergence constante de nouvelles drogues, dont certaines sont vendues sur Internet comme des substances légales, constitue le « défi de la décennie » que l’Europe doit surmonter. L’OEDT indique en effet que « l’émergence rapide de nouvelles substances psychoactives non contrôlées, souvent vendues sous l’appellation « euphorisants légaux », constitue un défi croissant tant en Europe qu’à l’échelle internationale ». Selon Wolfgang Götz, directeur de l’OEDT, pour résoudre ce problème « les politiques antidrogue et les réponses européennes doivent désormais être configurées pour répondre aux défis de la prochaine décennie ». Les nouvelles drogues en question sont notamment des cannabinoïdes de synthèse, des cathinones (khat) de synthèse ou encore des dérivés synthétiques de médicaments comme la kétamine ou la phéncyclidine (PCP). 39 nouvelles substances ont donc été repérées depuis le début de l’année, ce qui porte à plus 150 le nombre total de substances désormais surveillées de près par le système européen d’alerte précoce (EWS). Pour Wolfgang Götz, l’apparition de ces drogues va de pair avec l’évolution du monde « à l’image du monde dans lequel nous vivons, le marché de la drogue est en évolution de plus en plus rapide et globalisé, prompt à s’adapter aux menaces et aux opportunités ».

Malgré ce constat inquiétant, le rapport de l’OEDT apporte quand même quelques bonnes nouvelles. « Certains indices positifs suggèrent que la consommation de cocaïne pourrait avoir atteint un sommet et que l'usage de cannabis continue à céder du terrain chez les jeunes » alors que dans le même temps, celle des drogues de synthèse telles l’ecstasy et les amphétamines est « globalement stable ou en recul ». L’OEDT en veut pour preuve que les pays tels que le Danemark, l’Espagne, l’Italie et le Royaume-Uni, quatre des cinq pays où les niveaux de consommation sont les plus élevés en Europe, ont vu « un recul de la consommation de cocaïne au cours des douze derniers mois chez les jeunes adultes (15 à 34 ans) ». Un recul qui s’étend également au Canada et aux États-Unis. Selon l’OEDT, dans le contexte de crise économique actuel, le prix élevé de la cocaïne, de 50 à 80 euros le gramme, n’y est sans doute pas pour rien.

Télécharger le rapport complet de l'OEDT

Alexandre Roux

Avec AFP
Crédit photo : AFP

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