Sanctionnées pour avoir réclamé l'égalité salariale, ces footballeuses deviennent des héroïnes

Publié le Mercredi 23 Octobre 2019
Mylène Wascowiski
Par Mylène Wascowiski Rédactrice
Les joueuses de l'équipe de football féminine du lycée de Burlington avec leur maillot #EqualPay.
Les joueuses de l'équipe de football féminine du lycée de Burlington avec leur maillot #EqualPay.
Vendredi dernier, de jeunes footballeuses américaines originaires du Vermont ont profité de leur présence sur leur terrain pour réclamer l'égalité salariale. Comment ? En arborant fièrement un maillot avec le message #EqualPay. Simple mais efficace.
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L'égalité salariale dans le foot et partout ailleurs. C'est le message que l'équipe féminine de football du lycée de Burlington, dans le Vermont, a voulu faire passer vendredi dernier (18 octobre) sur le terrain. Durant les dernières minutes du match, emportées par la joie d'avoir marqué, quatre joueuses ont soulevé leur maillot pour en dévoiler un second, avec le texte #EqualPay ("Egalité des salaires").

Un message qui a trouvé écho auprès du public, qui s'est alors mis à chanter "Equal Pay Equal Pay" depuis les gradins, rapporte CNN. Malgré l'enthousiasme général, les quatre jeunes femmes ont été sanctionnées et ont reçu un carton jaune pour avoir soulevé leur maillot, geste normalement interdit sur le terrain.

Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Plus motivées que jamais à faire passer le message, les jeunes footballeuses ont décidé de commercialiser le maillot qui leur a valu leur carton jaune. Celles-ci le vendent au prix de 25 dollars et invitent les hommes à le payer 16% plus cher, pourcentage qui correspond à l'écart salarial entre les hommes et les femmes aux Etats-Unis.

Celui-ci a reçu un accueil plus que favorable dans le Vermont et, selon CNN, plus de 1000 commandes auraient déjà été passées. Parmi les acheteurs : l'équipe masculine de leur lycée mais aussi l'arbitre qui leur avait pourtant donné leur carton jaune.

"Le plus important est que le message soit passé"


L'histoire des footballeuses a rapidement dépassé les frontières du Vermont et sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes applaudissent leur démarche. La joueuse américaine Brandi Chastain, championne du monde de football aujourd'hui à la retraite, a ainsi remercié les jeunes femmes sur Twitter d'avoir "retiré vos maillots pour l'égalité salariale. Je suis fière de vous !"

Un succès auquel les jeunes femmes ne s'attendaient pas et dont elles sont aujourd'hui particulièrement fières. "Nous étions frustrées sur le moment car nous n'estimions pas avoir été trop loin sur le terrain. Mais finalement, le plus important est que le message soit passé" confie à CNN Maggit Barlow, 17 ans, co-capitaine de l'équipe.

Des écarts salariaux entre joueuses et joueurs toujours importants

Sur CNN, les joueuses du Vermont ont expliqué que leur démarche avait été inspirée de celle de l'équipe nationale, qui ont profité de la Coupe du monde féminine de football pour dénoncer - à nouveau - l'écart salarial qui pénalise encore aujourd'hui les joueuses.


Alors qu'elles excellent sur le terrain - bien plus que leurs homologues masculins -, les joueuses américaines restent encore aujourd'hui bien moins payées. Comme le rappelle le Guardian, lors de la Coupe du monde, une joueuse peut toucher au maximum 260 000 dollars contre 1,1 million pour un homme. Un écart qui se creuse davantage en club, le salaire minimum d'une joueuse s'élevant à 16 538 dollars contre 67 500 pour les joueurs.


Une injustice que ne supporte plus la désormais superstar Meghan Rapinoe, qui confiait en juillet dernier sur le plateau de CNN : "Toutes les joueuses durant ce Mondial ont produit le spectacle le plus incroyable. On ne peut rien faire de plus pour impressionner davantage. Il faut passer à l'étape supérieure. Ce n'est pas juste une histoire de salaire. On parle d'investissement dans le sport, dans le coaching et la jeunesse. Tout le monde est prêt pour que nous ayons l'égalité salariale." Une égalité qu'il serait grand temps d'atteindre sur le terrain... et partout ailleurs.