Faut-il bloquer ou se désabonner de son ex sur les réseaux sociaux ?

Publié le Lundi 17 Février 2020
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Faut-il bloquer ou se désabonner de son ex sur les réseaux sociaux ?
Faut-il bloquer ou se désabonner de son ex sur les réseaux sociaux ?
Effacer toute trace de son ex sur les réseaux sociaux ou simplement prendre du recul ? Parce que c'est une vraie question, apportons-lui une vraie réponse.
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La situation n'a rien d'inédit. On a passé du (bon) temps ensemble, senti les papillons, présenté nos potes, présenté notre chat et pourtant pas de bol, la relation qui s'intensifiait petit à petit a foiré pour une raison encore mystérieuse. A base de ghosting ou d'une explication sincère comme on n'en fait quasi plus, le résultat est le même : on morfle sérieusement. On ressasse les souvenirs d'une idylle tuée dans l'oeuf, convaincue qu'on ne connaîtra plus (jamais !) cette complicité précieuse avec quelqu'un·e d'autre.

Pleurs, pleurs, alcool, McDo, pleurs, alcool, éclair au chocolat.

Et puis à la tristesse succède la colère. L'eczéma qui se manifeste dès qu'on prononce son nom, les dents qui grincent à la vue d'un de ses posts sur les réseaux sociaux. Car si l'amour est vieux comme le monde, Instagram, Facebook et Twitter, eux, n'ont pas toujours été dans la course. Et compliquent clairement des rapports déjà ambigus. A cette crainte de croiser l'autre à chaque coin de rue s'ajoute celle de tomber nez à nez avec une photo qui trahirait une nouvelle amourette qu'on espère passagère. On stalke, on s'en veut, on a mal, on re-stalke. Ce cercle infernal nous peine plus qu'il ne nous épanouit (sans rire) et on finit par saupoudrer sur notre malheur amoureux une once de culpabilisation nocive.

La question se pose donc : que faire en ligne avec celui ou celle qui a jadis partagé notre vie ? Tenter de les ignorer royalement au risque d'en apprendre trop et de remuer le couteau dans la plaie ? Ou les rayer de la carte pour de bon ?

En gros, faut-il bloquer nos ex sur les réseaux sociaux ?

La perversion du feed

Il y a bien l'étape intermédiaire, juste avant le blocage (ou le fait de refuser l'accès d'une personne à notre compte et de supprimer sa présence en ligne à nos yeux), qui consiste simplement à se désabonner, ou à ne plus être ami·e avec celui ou celle qu'on aimait tant. Sauf que l'algorithme qui gère nos applis favorites n'en a que faire de notre envie de tranquillité, ni de notre petit coeur qui souffre. Et sait très bien comment s'y prendre pour faire apparaître, comme par magie, une photo où il ou elle sera taguée (et à son avantage) dans notre fil d'actus, de préférence un dimanche soir, quand on déprime devant Zone interdite et nos coquillettes. Par un·e ami·e en commun la plupart du temps. Et ne parlons pas de la section "suggestion d'ami·es", qui semble identifier précisément les contacts qu'on souhaiterait avoir oublié à jamais : notre ex, son ex et la fille qui nous martyrisait au collège.

Une étude menée par des doctorant·es de l'Université du Colorado, Boulder, qui traite de l'impact des réseaux sociaux sur les ruptures, prouve d'ailleurs que se désabonner ou retirer l'objet de notre chagrin de notre liste d'ami·es ne constitue pas une option sûre. Sur les 19 enquêté·es, même les participant·es les plus radicaux qui avaient supprimé leur ancien partenaire de Facebook continuaient de voir du contenu qui lui était associé de diverses manières.

Le pire ? Les "souvenirs" proposés chaque jour sous forme de notification. "Il y a deux ans vous étiez au Club Med de Punta Cana en amoureux·ses, aujourd'hui vous êtes seule comme un chien", traduit-on forcément à la vue d'un cliché de nous deux devant le coucher de soleil.

La détox essentielle

Anthony Pinter, l'auteur principal de l'étude, évoque l'option "Take A Break" de l'appli Facebook, qui permet d'accéder aux fonctions du blocage sans pour autant en notifier l'autre. Il suggère également que les développeurs se penchent sur un nouvel algorithme, qui déterminerait cette fois les liens subtils qui existent entre deux personnes, notamment grâce aux ami·es en commun, aux likes ou aux tags dans les photos de groupe. Et donc éviterait la piqûre désagréable que provoque un aperçu de la (nouvelle) vie de l'autre.

En attendant, l'autre option, plus organique, reste de se détacher du digital autant que faire se peut. Ou du moins "pendant un moment, jusqu'à ce qu'on aille mieux", précise Anthony Pinter. Se concentrer sur la vie qui se déroule devant nos yeux plutôt que de nourrir la nostalgie d'un passé qui, à part quelques frustrations numériques, n'a plus rien à nous apporter.