C'est vêtues de noir qu’environ 200 personnes se sont réunies mardi devant le Sénat pour protester contre un nouveau projet de loi sur l’accessibilité des bâtiments publics. L’Association des paralysés de France (APF) a lancé un appel à la manifestation contre « l’enterrement » de la loi de 2005, qui fixait à 2015 l’échéance pour garantir un accès à ces bâtiments à tous.
La loi « handicap » du 11 février 2005 exigeait entre autres l’obligation d’accessibilité pour tous les bâtiments destinés à recevoir du public, poussant les collectivités locales à investir dans des rampes ou équipements spéciaux afin de faciliter les déplacements des personnes à mobilité réduite.
Un premier amendement avait été déposé en juin 2001 afin d’exonérer certains immeubles de l’accessibilité aux handicapés en raison d’impossibilités techniques d’aménagement, mais cette proposition de loi UMP avait été censurée en juillet par le Conseil constitutionnel.
Or une nouvelle proposition de loi faisant suite à un rapport du sénateur UMP Eric Doligé, prévoit de nouvelles dérogations en matière d'accessibilité pour les bâtiments publics, estimant que le coût des travaux serait trop élevé pour les collectivités locales.
« Les dérogations, c'est un recul social, l'isolement des personnes, l'exclusion pour nous de la société. Nous ne pouvons accepter que le délai de 2015 soit vidé de son sens car nous attendons depuis 36 ans de vivre dans un pays accessible pour tous », a déclaré Jean-Marie Barbier, président de l'APF. « Les arguments avancés pour justifier les dérogations sont fallacieux : selon la Banque mondiale, l'éventuel surcoût des travaux d'accessibilité n'excède pas 1% du prix de la construction », a-t-il ajouté.
Jaccede.com, qui organisera le 8 octobre la Journée nationale de l’accessibilité, a relayé l’appel à la vigilance de l’APF, jugeant scandaleux ce projet de loi. « Lorsque ces dérogations concernent des bâtiments classés ou présentant des configurations très particulières cela peut être compréhensible et il faut alors étudier la situation au cas par cas afin d’améliorer les conditions d’accessibilité », estime Julie Carbonnel chez Jaccede.com. « Mais partir du principe qu’un bâtiment qui n’est pas encore construit ne peut pas répondre à la mise en accessibilité demandée est révoltant ».
Des manifestations étaient prévues dans une quarantaine de villes dont Paris, Lyon et Marseille.
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