Harcèlement sexuel : le festival Hellfest sous le viseur

Publié le Mercredi 29 Mars 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
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"Il m'a dit que j'aguichais trop les hommes". Le festival Hellfest, référence des événements rock/metal en France, est au coeur d'accusations graves de harcèlement sexuel. Une affaire qui résonne à l'unisson du mouvement #MusicToo.
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Cela fait deux ans que le mouvement #MusicToo incite à la libération de la parole au sein de la scène musicale notamment en France, par le biais de témoignages sur les réseaux sociaux. Une sphère pas si ouverte au sein de laquelle parviennent cependant à émerger certaines voix alarmantes, dénonçant les attitudes de chanteurs, musiciens, producteurs... Des accusations graves, allant du harcèlement sexuel au viol.

Et c'est aujourd'hui le festival Hellfest qui se retrouve au coeur de la tourmente. Référence des événements métal et rock en France, l'événement organisé chaque année à Clisson est passé le 28 mars dernier devant le conseil de prud'hommes de Nantes.

C'est plus précisément l'association Hellfest productions, qui organise le festival, qui fait l'objet d'accusations de harcèlement moral et de harcèlement sexuel. Pour des faits présumés qui remonteraient à 2017.

C'est une ancienne stagiaire de 25 ans qui témoigne. Et c'est accablant.

"Il m'appelait sa sexy assistante, me disait que j'aguichais trop les hommes, qu'il fallait que je fasse bander"

En 2017, la jeune femme a effectué son stage de fin d'études au sein du célèbre festival de Loire-Atlantique. C'est l'attitude de son supérieur hiérarchique qu'elle dénonce aujourd'hui.

Notamment, ses propos pour le moins déplacés au sujet de son apparence, de son corps, de sa tenue : "Il m'appelait sa 'sexy assistante'. Il m'a clairement dit qu'il fallait que je fasse 'bander' les gens". Et quand je répondais à toutes ses injonctions, je me prenais des réflexions sur le fait que je ne serais jamais prise au sérieux parce que j'aguiche trop les hommes", témoigne-t-elle auprès de France Bleu.

En outre, ce que décrit la plaignante auprès du média et de la justice s'apparente à du harcèlement moral : un équilibre entre le "chaud" et le "froid" sur fond de manipulations psychologiques. "Il arrivait toujours à souffler le chaud et le froid et à me faire croire que c'était de la bienveillance. Donc, je lui trouvais des excuses", explique-t-elle ainsi, dénonçant aujourd'hui le comportement "d'un mec dangereux".

Mais ce n'est pas tout. En plus de ces attitudes, le supérieur en question l'aurait directement menacé. Il l'aurait également humilié en public et insulté. Tant et si bien que cette dernière a quitté son stage un mois avant la fin de celui-ci.

Elle explique encore : "J'ai vraiment eu peur, j'ai cru qu'il allait me frapper tellement il était menaçant. J'ai subi de grosses souffrances psychologiques, j'ai vécu un vrai stress post-traumatique".

La suite de l'affaire ? L'avocate de la plaignante, Marie-Océane Gelly, la résume ainsi sur les ondes de France Bleu toujours : "Ce qu'il est intéressant de voir, c'est que ma cliente a été une des dernières stagiaires féminines et qu'après, seulement des hommes ont été embauchés parce qu'il y a eu trop de dérives".

Aujourd'hui, la plaignante espère que ces "dérives" seront mises en lumière, et que sa prise de parole sera vraiment considérée par la justice. Mais également "que les mentalités au sein de Hellfest Productions pourront évoluer".

Pour certains médias comme Télérama, ce procès pourrait permettre à cet événement culturel, "devenu l'un des plus importants de l'été", d'amorcer "une vraie réflexion sur les violences sexistes et sexuelles". On l'espère ?