Le Japon autorise (enfin) la pilule abortive... mais avec le consentement du conjoint

Publié le Mercredi 01 Juin 2022
Julie Legendart
Par Julie Legendart Journaliste
D'ici fin 2022, la pilule abortive devrait enfin être autorisée au Japon... mais à une condition : son usage exige au préalable le consentement du conjoint.
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Le Japon va autoriser la pilule abortive d'ici la fin de l'année... mais l'accord du conjoint sera requis. C'est ce que nous apprend un article du Guardian, précisant également que le coût de ladite pilule pourrait monter à 100 000 yens, autrement dit 780 $. La démonstration s'il en est, fustige le média britannique, "des priorités d'un parlement dominé par les hommes".

"En principe, nous pensons que le consentement du conjoint est nécessaire, même si un avortement est provoqué par un médicament [et non de manière chirurgicale, ndlr]", s'est exprimé Yasuhiro Hashimoto, haut responsable du ministère de la Santé. Un accord qui doit se formaliser à l'écrit. Et une décision notamment contestée par les militantes féministes, qui désirent faire changer l'avis des autorités sanitaires à ce sujet.

"Cette notion de consentement devient un problème lorsqu'il y a un désaccord avec le conjoint ou que le conjoint force la femme à accoucher contre son gré", a fustigé auprès du journal britannique Kumi Tsukahara, membre fondatrice du collectif Action for Safe Abortion Japan, qui lutte pour le respect des droits des femmes, et notamment du droit à l'avortement dans de bonnes conditions, au Japon.

"Les femmes ne sont pas la propriété de l'homme"

"Les femmes ne sont pas la propriété des hommes. Leurs droits doivent être protégés. Pourquoi une femme devrait-elle avoir besoin de l'approbation de son partenaire ? C'est son corps", a protesté Mizuho Fukushima, députée du parti d'opposition social-démocrate, auprès du parlement japonais.

Comme le rapporte encore le Guardian, ce débat a remis en lumière la réalité critique de l'accès à l'avortement, limité pour des raisons financières ou sous la pression d'autrui - autrement dit, de l'époux. Ce qui peut dans beaucoup de cas aboutir à des situations dangereuses voire tragiques. Des médecins auraient refusé de procéder à un avortement pour des femmes ayant été victimes d'agression sexuelle.

Enième hic, hormis ce consentement obligatoire et le prix, exorbitant ? L'IVG médicamenteuse, rapporte le magazine en ligne Slate, ne sera pas couverte par l'assurance maladie nationale.